Publié le 21 août 2020 par Fabrice Mazoir, mis à jour le 31 janvier 2024

5 micro-aventures à vivre au départ de Rennes

Pas besoin d’aller bien loin pour se dépayser...

Pique-nique à l'étang de la petite Pérelle
Vallée de la Vilaine – Nicolas Joubard

A Rennes comme partout, l’aventure est en bas de chez nous. Pour se dépayser à peu de frais et sans prendre l’avion, direction des lieux méconnus et parfois secrets. A moins de 100 kilomètres à la ronde vous trouverez un grand (petit) Canyon, une forêt presque québécoise, un jardin avec des airs de Toscane, un quartier californien et même une calanque. Qui dit mieux ?

Prêts pour l’aventure ? Ou plutôt pour une micro-aventure ? Cette manière de voyager autrement, en utilisant des modes de transports doux, le temps d’un long week-end ou d’une journée, est de plus en plus populaire. Imaginé par l’aventurier britannique Alastair Humphreys, ce format de voyage insolite permet de s’évader, de faire des rencontres et d’explorer des lieux inconnus et proches de chez vous. La micro-aventure est une expérience outdoor, un concentré de voyage au long cours dans un format « simple, bon marché, accessible et efficace ». Le but du jeu ? Simplement vivre des choses différentes et changer de perspective sur le monde qui nous entoure. Voici quelques suggestions à faire dans et autour de Rennes, un territoire riche en dépaysement.  

Aventures à la carte


1. Road-trip (à pied) dans la Petite Californie

La petite Californie de Rennes

La Californie, c’est un peu le rêve de tout voyageur… Saviez-vous qu’à Rennes, un micro quartier se nomme « La Petite Californie », une petite île à l’Est du centre-ville. Son nom fait référence à une petite histoire insolite. Avant l’arrivée du chemin de fer à Rennes au XIXème siècle, plusieurs sites étaient prévus pour accueillir la gare et ses passagers. Ce quartier de Rennes en faisait partie. Certains spéculateurs ont cru bon d’y acheter des terrains espérant s’y créer un nouvel eldorado. A l’image de celui de pas mal de chercheurs d’or leur espoir a été déçu : le train passera finalement bien plus au sud et le jackpot immobilier n’aura jamais lieu. Le nom est resté et ce petit quartier, entouré de Vilaine a gardé un caractère singulier, insulaire : à la fois bohème, un peu coquin aussi, mais terriblement calme.

Rien de tel qu’un petit road trip pédestre pour l’explorer. Comme toute micro-aventure, il faut plusieurs ingrédients pour que le cocktail soit réussi : dans la petite Californie, les ingrédients ne manquent pas de piquant : une bonne dose de street-art, une pincée de mosaïques Odorico, quelques pépites architecturales, le tout arrosé de l’eau du fleuve.

Un parcours jalonné de street-art, de mosaïques Odorico et de verdure

Pour faire votre entrée dans le quartier de la Petite Californie, passez par la rue Dupont-des-Loges. On y trouve un des bars les plus sympas de la capitale bretonne (le Hibou grand duc) qui jouxte la boutique originale Alaska Brocante et Snack. Aux portes de ce quartier, il y a aussi la Maison Odorico qui accueillera prochainement un lieu de restauration. Les traces de la famille de mosaïstes italiens sont visibles un peu partout sur les façades et le sol des immeubles. En passant le pont métallique, on entre de plain pied dans la petite Californie. Sur la droite, on aperçoit les « grands moulins de Rennes », toujours en activité, avec leur architecture typique de brique et de schiste. Les moulins rappellent qu’ici les industries liées à l’eau ont toujours été florissantes. Moulins, lavoirs, tanneries, minoteries s’y concentraient jusqu’à la Seconde guerre mondiale.

Un quartier à part, une île dans la ville

Hôtel particulier de Rennes

Deux pas plus loin, prenez le temps d’admirer l’hôtel particulier de l’ancien maire de Rennes Jean Janvier avant de bifurquer en direction de la Vilaine qu’on traverse par la charmante passerelle Odorico, constellée de mosaïques. En chemin, on croise pas mal d’œuvres de street-art. War ! se trouve comme un poisson dans l’eau dans ce quartier qui comme une friche, cultive sa différence et sa tranquillité.

Pas loin, on devine la plus gigantesque œuvre d’art urbain : le robot sans cœur réalisé par le célèbre plasticien Blu sur l’arrière du Théâtre National de Bretagne. Le meilleur point de vue pour la voir est depuis les grilles du parking de France 3 Bretagne. En suivant le fil de la rivière côté sud on apprécie la petite promenade et la vue sur l’eau. On peut faire tout le tour de la pointe Est de la petite Californie en arpentant un discret chemin qui passe sous d’immenses saules. On croise des pêcheurs, des chilleurs. En revenant dans les ruelles pas mal de détails architecturaux méritent le coup d’œil : des mosaïques évidemment, des façades originales, un trompe-l’œil et cette ambiance si intimiste qui fait de la Petite Californie un quartier à part.

En pratique

  • Durée : 1h à peine (2km environ)
  • Difficulté : très facile
  • Pour qui ? Pour les amateurs de découvertes urbaines, d’architecture et de street-art
  • Matériel conseillé : un carnet de notes ou de dessin, de quoi faire des photos, des chaussures confortables pour marcher

2. Safari photo dans un paysage toscan

Parc du Thabor à Rennes

Votre mission ? Réaliser une carte postale aux airs de paysage de Toscane, en restant à Rennes. Pour réaliser ce tableau, trompeur mais enchanteur, direction le Thabor, surnommé « le Prince des jardins ». Tout au bout de ce parc de 10 hectares, où se mixe l’art du jardin à la française et à l’anglaise, vous allez en prendre plein les yeux, et le nez. D’abord parce que la roseraie et ses 2000 variétés est assez unique. Ensuite, parce que de ce point de vue (le Thabor est le point culminant de Rennes) vous aurez une vue panoramique avec en ligne de mire un majestueux bâtiment de style toscan : le Lycée Saint-Vincent Providence.

Un décor de carte postale

Le panorama a de quoi dépayser, à vous de choisir le meilleur angle de vue pour faire croire que vous êtes partis en voyage en Italie.

Ses toits d’un rouge flamboyant tranchent dans le paysage breton, dominé en temps ordinaire par le gris-bleu de l’ardoise. On le doit à Charles Langlois l’architecte qui a imaginé les bâtiments actuels qui dominent le quartier. Un style toscan déjà employé lors de la construction au XIXème siècle des premiers bâtiments de l’établissement (l’actuel Lycée Jean Macé). Il paraît même que les trois couleurs utilisées dans cette architecture originale, le rouge de la brique et des tuiles, le blanc du grès des murs et le noir du schiste sont à l’origine des couleurs du Stade Rennais et du Roazhon Park. L’établissement ayant prêté ses maillots aux joueurs rennais au début du siècle. Mais ce n’est peut-être qu’une légende urbaine !

En pratique

  • Durée : le temps qui vous semblera bon pour vous promener dans le Thabor en faisant des photos
  • Difficulté : aucune
  • Pour qui ? : pour les amoureux des jardins et de curiosités patrimoniales
  • Matériel : un appareil photo avec zoom ou téléobjectif

3. La descente du Grand Petit Canyon en paddle

Paddle géant

On l’appelle le Grand Canyon, il est situé dans la « Suisse bretonne ». Vous trouvez que c’est too much ? Appelons-le « le Grand Petit Canyon » alors. Son vrai nom c’est le Boël, là où le fleuve Vilaine forme des méandres entre des falaises de schiste pourpre. Le lieu est propice à la balade, aux randos, à pied ou à vélo, en famille ou aux sports un peu plus extrêmes comme le trail et le VTT. Car les montées et les descentes sont parfois techniques. Et si vous partiez l’explorer en paddle ? Le stand-up paddle, ou “SUP” dans le jargon des loups de mer, est devenu en quelque années un loisir nautique très prisé. Facile à prendre en main, il suffit d’avoir le sens de l’équilibre pour s’initier en quelques minutes. L’avantage par rapport au kayak ou au canoë, c’est qu’on se trouve à hauteur d’homme, avec l’impression de marcher sur l’eau. Pas de miracle toute de même : il arrive qu’on tombe dans l’eau de son piédestal. Il faut donc prévoir une tenue adaptée.

Attention de ne pas s’approcher trop près de l’écluse et du déversoir

Le point de départ de cette aventure est la cale de Pont-Réan (à 20 minutes de Rennes). Le canoë-kayak Club local, le CKCPR, y propose pendant la belle saison des locations de paddles (et de kayaks) avec différentes formules : 1h, 2h à la demi-journée ou pour la journée. Le gilet de sauvetage est fourni. Cap ensuite vers le Boël en laissant le joli pont derrière vous. Quelques méandres plus loin, au bout de 2 kilomètres environ, vous déboucherez sur le site du Boël. Avec en ligne de mire les belles falaises de schiste pourpre, le Moulin et l’écluse.

La vallée de la Vilaine

Attention tout de même à respecter les règles de sécurité et de navigation qui s’appliquent aux embarcations légères (voir la notice de navigation sur la Vallée de la Vilaine). Au niveau du Boël, il convient en particulier de ne pas trop s’approcher du déversoir à gauche de l’écluse. Si vous souhaitez franchir l’écluse, vous avez la possibilité de débarquer au ponton d’attente sur la rive droite, de marcher ensuite sur le chemin de halage et d’embarquer sur l’autre ponton après l’écluse.

En pratique

  • Durée : en 2 heures sans trop forcer on peut faire l’aller-retour depuis la cale mais à la demi-journée vous pourrez prendre votre temps faire une pause pour aller voir le moulin du Boël d’un peu plus près (à pied).
  • Matériel nécessaire : un paddle à louer sur place ou votre propre SUP si vous êtes équipés. Gilet de sauvetage (fourni avec la location sur la cale), maillot de bain, chaussures fermées, tshirt et vêtements de rechange, un sac étanche. N’oubliez pas la crème solaire et éventuellement de l’anti-moustique car la nature est parfois hostile.
  • Niveau de difficulté : tranquille mais un peu sportif quand même
  • Pour qui ? pour les fans de loisirs en pleine nature, amateurs de beaux paysages et d’activités nautiques.

4. Rando à vélo et bivouac au Petit Québec

Bike Packing près de Rennes
Vallée de la Vilaine – Nicolas Joubard

Après le petit canyon, cap sur le Petit Québec. Une zone naturelle situé après Cicé et son bois. Avec le temps, les anciennes gravières sont devenues des étangs qui abritent une biodiversité variée. Les bords de Vilaine en sont remplis de ces étangs. Bordés de forêts de résineux, ils donnent l’impression d’être en Amérique du Nord.

Pour s’y rendre, rien de mieux que le vélo. Certains voyageurs utilisent ce moyen de transport pour faire le tour du monde, en mode bikepacking. Cette mini-excursion vous donnera un avant-goût d’aventure à vélo. Dans un format court. Depuis Rennes une dizaine de kilomètres vous séparent du Petit-Québec en suivant le chemin de halage. Une fois sur place vous pourrez vous poser pour pique-niquer et faire un « bivouac froid ». Pour rester dans l’ambiance québécoise, vous pouvez prendre un plat typique de chez Poutine Bros, les spécialistes de la Poutine. Dans le guide détouristique de la Vallée de la Vilaine (en vente à la boutique de l’office de tourisme), vous trouverez des cartes et des informations pratiques sur cette zone.

En pratique

  • Durée : à la journée ou 1 jour et demi avec un bivouac
  • Matériel nécessaire : un vélo équipé de sacoches pour la rando ou un VTC et un petit sac à dos pour emporter de quoi pique-niquer et ramener ensuite ses déchets. De quoi s’hydrater, de l’anti-moustique. Prendre aussi un peu d’accent québecois.
  • Niveau de difficulté : moyen
  • Pour qui ? pour celles et ceux qui aiment l’aventure à vélo, les forêts et l’imprévu

5. A la recherche d’une calanque mystérieuse

Le mystérieux lagon bleu

Quand on part à l’aventure on rêve de tomber sur LE spot secret, la pépite qui fera pétiller les yeux et crépiter le compteur de likes sur Instagram. Envisager un territoire urbanisé comme une terra incognita permet d’ouvrir ses chakras et de voyager autrement. Et si l’inconnu, le lieu rêvé, la plage idéale, existait, à deux pas (ou presque) de chez moi ? C’est la question que tout voyageur qui se respecte doit se poser. Non loin de Rennes, il existe une calanque méconnue. Mais ce n’est pas la seule. Les nombreux étangs artificiels, des anciennes carrières, prennent en effet des allures de lagon ou de mangrove. L’étang des Perrelles ou celui de Babelouse constituent déjà de belles surprises pour les amoureux de la nature et les pêcheurs. Mais ils n’ont pas cette couleur bleu turquoise qui rappelle les lointaines destinations tropicales.

L’étang de la Lormandière à Chartres de Bretagne a tout d’une calanque méditerranéenne. Les abords sont un peu pentus, ce qui la rend encore plus fascinante. Un joli sentier en fait le tour et des panneaux pédagogiques retracent l’histoire du site des anciens four à chaux.

En pratique

  • Durée : trek d’une journée pour aller explorer les étangs de la Vallée de la Vilaine. Au départ de Rennes la voie la plus directe vers l’aventure est le chemin de halage : mettez le cap à l’Ouest en direction des étangs d’Apigné, puis croisez vers le sud en suivant le fleuve. Pour faire plus court, partez de la Halte ferroviaire de Ker Lann pour vous rendre à la Lormandière.
  • Matériel nécessaire : des chaussures de randonnée légères, un chapeau de brousse ou équivalent. De l’anti-moustique et de la crème solaire, de quoi s’hydrater et se ravitailler (barres ou gels énergétiques). Une paire de jumelles sera la bienvenue pour observer la faune et la flore.
  • Niveau de difficulté : difficile
  • Pour qui ? Pour les aventuriers en herbe qui aiment partir vers l’inconnu, sans plan préétabli, sans carte, ni bousssole. Car « dans un voyage ce n’est pas la destination qui compte mais toujours le chemin parcouru, et les détours surtout ».
Tourisme éco-responsable