Publié le 15 décembre 2020 par Fabrice Mazoir, mis à jour le 29 décembre 2023

Romain Danzé

Défenseur de la cause rennaise

Romain Danzé au Roazhon Park
Destination Rennes – Nicolas Joubard

Joueur emblématique du Stade Rennais Football Club où il a fait toute sa carrière, Romain Danzé a raccroché les crampons en 2019. Mais il continue de défendre la cause du club Rouge & Noir en jouant maintenant le rôle d’ambassadeur. L’ancien capitaine confie son attachement à la ville et raconte le lien qui unit les Rennais à leur club.

Vous avez raccroché les crampons en 2019, et aujourd’hui vous êtes Responsable des relations publiques et du développement au sein du club, quel est votre rôle exactement ?

C’est un rôle d’ambassadeur, je suis en support de beaucoup de services et présent sur les événements. Même si en ce moment on n’a pas de public dans les stades, on essaie de garder un lien avec tout le monde. J’en profite cette année pour découvrir le fonctionnement du club de l’autre côté du terrain, pour comprendre comment les services travaillent ensemble, comment tourne l’entreprise Stade Rennais.

Après 18 saisons dont 13 en pro, c’est donc une nouvelle page de votre histoire qui s’ouvre avec le Stade Rennais ?

Il fallait bien que je m’arrête un jour de jouer ! Pouvoir rester dans mon club et y exercer une fonction est une chance et un luxe.

Destination Rennes – Nicolas Joubard

Ces dernières années le Stade Rennais a pris une nouvelle dimension, il a changé d’ère…

Oui c’est clair, et les résultats le montrent avec un titre derrière lequel on courait depuis plus de 40 ans. Gagner la Coupe de France a fait du bien et a levé beaucoup de barrières. Pour les supporters c’est un tournant : avec le parcours en coupe d’Europe et la découverte de la Champion’s League cette année, on est vraiment sur une dynamique ascendante. Malgré quelques coups de moins bien, on a franchi beaucoup d’étapes en seulement 2-3 ans.

Avec des moments très forts…

On avait déjà connu des finales de coupes nationales en 2009, 2013 et 2014, mais sans succès. Ce qui avait mis un coup derrière la tête de tout le monde. Quand vous accédez à une finale, vous créez beaucoup d’espoir autour de vous. Et quand vous chutez, vous tombez de beaucoup plus haut forcément. Le fait de décrocher ce titre tant attendu a donné du baume au cœur aux Rennais. Quand vous avez connu autant d’échecs et que vous avez enfin le droit à ce bonheur, on se dit qu’on l’a bien mérité.

En écho au changement d’époque du club, Rennes a elle aussi changé de dimension, on la regarde différemment depuis ces dernières années…

Oui, il suffit de voir le nombre de grues pour se rendre compte que la ville se développe. Je pense que la LGV a contribué pour beaucoup à l’attractivité de Rennes. On sent une ville en pleine expansion.

Vous avez une place à part dans le cœur des supporters, en raison de votre fidélité au club où vous avez fait toute votre carrière, c’est quelque chose de rare aujourd’hui…

C’est vrai, dans le football d’aujourd’hui, les joueurs changent souvent de club, il n’y a plus beaucoup de joueurs qui font toute leur carrière dans le même club. Je pense que les supporters avaient besoin de s’attacher à un joueur. Comme j’ai fait le choix de rester aussi longtemps, j’ai été un peu le lien entre les supporters et le club, ils se reconnaissent en moi et on a beaucoup de points communs.

Vous avez également passé vos diplômes d’éducateur, le respect du maillot et du club ce sont des valeurs que vous avez envie de transmettre ?

Oui, il faut rappeler aux joueurs qui arrivent ce qu’est le Stade Rennais, leur expliquer où ils mettent les pieds, ici en Bretagne, à Rennes. Qu’ils entrent dans l’état d’esprit breton le plus rapidement possible pour être à l’aise et performants.

Destination Rennes – Nicolas Joubard

Le Roazhon Park est un stade à l’anglaise, qu’est-ce qu’il a de si particulier ?

Déjà il est beau, de l’intérieur comme de l’extérieur. La nuit, quand on passe sur la rocade et qu’on voir les lettres illuminées « Roazhon Park », ça en jette. Et depuis qu’on a changé les sièges avec les couleurs rouge et noir dans les gradins, l’ambiance a changé. Quand le Stade accueille 30000 supporters, acquis à la cause rouge et noir, ça fait du bruit, ça pousse. Dans ce stade, le public est proche de la pelouse. Quand on est sur le terrain, on sent les gens derrière nous, c’est ce qui donne des soirées magiques, pour les joueurs comme pour les spectateurs.

Et les tifos du RCK sont devenus légendaires en Europe…

C’est vrai que c’est devenu la marque de fabrique du Roazhon Celtic Kop, même s’ils font plein d’autres choses. Ce sont des sacrées productions. Quand on voit les heures de travail que ça demande, juste pour quelques secondes, je leur dis chapeau. Leur talent a été reconnu bien au-delà de nos frontières.

Lorsque vous avez arrêté votre carrière en 2019 vous avez même eu droit à un tifo spécial en hommage à votre parcours…

C’est un truc incroyable. Pour un joueur de foot, c’est inimaginable d’avoir un tel honneur dans son stade de la part de tous les supporters.

Depuis 2019, le stade a sa Galerie des Légendes qui raconte l’histoire du club…

C’est un super endroit et une belle idée de Jacques Delanoë et de ses équipes. Le Stade Rennais va avoir 120 ans en mars 2021, ça fait beaucoup d’histoires à raconter. On a souvent été raillés parce qu’on n’avait pas beaucoup de trophées, mais il y a quand même plus d’un siècle d’histoire avec de très beaux objets, des archives, des portraits de très grands joueurs. C’était important d’avoir un lieu pour les montrer. L’endroit a été fait avec beaucoup de goût et va continuer d’évoluer avec les années. Les visites qui ont commencé cet été avec Destination Rennes ont connu un très grand succès, les gens étaient ravis de pouvoir s’immerger dans l’histoire du club.

Destination Rennes – Franck Hamon

En 2016 vous avez ouvert avec des associés le BDS, le Bar des Sports, quel est le concept ?

J’avais dans un coin de la tête l’idée de m’investir dans un projet autre que le foot. Le concept du BDS est un lieu de vie où on vient passer un moment tranquille, en famille ou entre amis, avec des grands écrans pour suivre les retransmissions sportives. Je me suis associé avec des professionnels de la restauration qui connaissent le métier, le groupe ENVIE. On a renouvelé notre association avec la création du White Fields Café à Cesson-Sévigné. Et deux nouveaux BDS vont ouvrir à Vern-Sur-Seiche et à Pacé en 2021. Ce sont de beaux projets.

Quels sont les autres lieux que vous appréciez à Rennes ?

Je fréquente depuis longtemps les autres restaurants du groupe ENVIE, c’est comme ça qu’on s’est rencontrés et que notre projet commun est né. Je suis client du Wok, avenue Janvier et du Moon juste à côté. On se retrouve aussi de temps en temps dans les deux crêperies Saint-Georges et dans les établissements de la Prison-Saint-Michel. Avec les enfants, on aime aussi se balader dans les rues de Rennes, les Rennais sont très respectueux avec nous.

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Vous allez aussi régulièrement au brunch des créateurs au Couvent des Jacobins…

Oui, mon épouse y expose depuis 3 éditions ses créations « Lovely Biscuits », des « sugar cookies » personnalisés. A chaque fois je l’accompagne pour donner un coup de main et servir les clients. C’est un bel événement au Couvent des Jacobins, un endroit merveilleux.

Les liens entre le Club et Rennes sont forts, c’est important pour le staff d’être connecté avec la ville et les habitants et de sortir de la bulle du foot ?

C’est important oui, le Stade Rennais doit être ancré dans son territoire. Avec les équipes communication, marketing et RSE du club nous avons d’ailleurs suivi une visite guidée de l’Office de tourisme pour mieux connaître l’histoire de Rennes. On a la chance d’avoir une très belle ville et avec les explications d’un guide, on regarde les choses différemment.

Avec les compétitions européennes le club est aussi l’ambassadeur de Rennes à l’étranger…

Grâce aux matchs européens, on a pu vivre des scènes magnifiques, comme lorsque les supporters du Celtic Glasgow sont venus mettre de l’ambiance Place du Parlement. De supers moments de convivialité entre Bretons et Ecossais ! Le foot sert à créer ce genre de liens et je sais que des supporters écossais sont revenus à Rennes pour des séjours touristiques parce qu’ils avaient apprécié la ville lorsqu’ils étaient venus voir le match.

Les supporters rennais ont aussi été exemplaires lors des déplacements, ce sont eux aussi des ambassadeurs du club et de la ville…

Exactement, les Rennais se sont déplacés en nombre lors des matchs en Ligue Europa, à Londres, à Séville, sans jamais aucun incident, c’est à souligner… Je pense que ça tient au caractère breton, ce côté convivial et amical.

Aujourd’hui, vous êtes redevenu un supporter comme les autres ?

Depuis que j’ai enfilé le maillot Rouge et Noir pour la première fois il y a 20 ans, je suis supporter du Stade Rennais. En ce moment, malgré le contexte, on essaye de soutenir l’équipe et de leur envoyer de bonnes ondes.

Aux côtés d’autres supporters vous étiez aussi sur les affiches de la campagne de la saison européenne ?

C’était un petit clin d’œil sympa. Cette campagne a été très bien accueillie, avec l’Orchestre de Bretagne qui a joué l’hymne de la Ligue des Champions à l’opéra, c’était bien d’associer la culture et un monument à notre parcours européen.

Le maillot de la saison 2020/2021 fait aussi référence à un autre personnage emblématique de la ville et au patrimoine qu’il a laissé…

Monsieur Odorico a en effet été joueur et président du club, il a laissé un patrimoine incroyable avec ses mosaïques dans toute la région, pas seulement à Rennes. Il fait partie de l’histoire du club et illustre le lien que le Stade Rennais cultive avec sa ville.

Tourisme éco-responsable