Publié le 15 décembre 2015, mis à jour le 10 juin 2024

Miss Atomik

Rennes tendance vintage, friperie et tatouage

Miss Atomik, tatoueuse à Rennes

À rebours des tendances des années 2010, Miss Atomik serait plutôt branchée années 50. Pas banal pour cette tatoueuse chic et cash, qui aime sa ville et son histoire, du moyen-âge à nos jours.

Tatoueur et fan de vintage

Miss Atomik - Tatoueur à Rennes

Elle sort son rouge à lèvres, couleur rouge piment. Avec une précision discrète, miss Atomik trace les contours de sa bouche devant son miroir de poche et cause avec le patron de Rockin’ Bones, fameuse échoppe de vinyles. « Ce que j’aime ici, c’est le choix, le conseil. Le côté vintage aussi. Le rock n’roll et le son des années 50 et 60, c’est toute une esthétique. Les voitures, les meubles, les fringues … »

Voilà pour le décor : notre artiste tatoueur est fan des fifties, de rockabilly et de voitures de collection*. Elle bricole elle-même son Opel Rekord coupé (1964), un petit bijou customisé par ses soins. Joli.

Vintage, le mot lui va comme un gant… ou disons comme un tatouage. Dans son salon de la rue de Nantes, formica et mobilier 50’s voisinent avec des icônes religieuses et des portraits christiques. Rouge brique, blanc crème, fauteuils en skaï. Pas vraiment le style biker, qu’on imagine volontiers défiler dans le salon. « Les bikers ? Non, ce n’est pas notre fonds de commerce. Ici on a de tout, du lycéen au chef d’entreprise. J’ai des psychologues, des joueurs du Stade Rennais, des femmes au foyer. De tout ! »

Rockin’ Bones, le fameux disquaire de vinyles

Dj Crocodile

On pourrait passer rue Motte-Fablet sans la voir. Ce serait bien dommage : la cour qui abrite Rockin’Bones est sans doute l’une des plus belles de Rennes, visitée par des cars de touristes Japonais, mille fois photographiée et imprimée sur cartes postales. Dans un recoin de cette cour sans nom, au rez-de-chaussée d’un immeuble branlant et étayé, Rockin’ Bones survit aux modes et à la crise du disque avec une insolence revendiquée. Ce fameux disquaire de vinyles accueille une faune d’une incroyable variété, tout autant que ses disques estampillés « rock n’roll » au sens large.

« Rennes défonce toute la France »

Du rockabilly des années 50 au garage rock psychédélique à la sauce 2015 (Ty Segall, Radio Moscow, The Oh Sees…), le patron des lieux en propose pour tous les goûts. Seb est un authentique amoureux de sa ville : « Niveau énergies associatives, Rennes défonce toute la France. Il y a une activité démentielle dans cette ville. » L’homme à la gouaille reconnaissable entre mille est également à la tête du label Beast Records (association à but non lucratif), qui produit et fait tourner beaucoup de groupes australiens et des locaux.

On peut l’entendre sur la radio rennaise Canal B, dans l’émission Blueshit « tous les samedis de 11h30 pétantes environ à 13h précises ». A Rennes, le réveil du samedi matin sonne tard, à grands coups de Larsens.

De la rue de la soif aux portes Mordelaises

Miss Atomik dans son salon de tatouage

Le tatouage comme trait d’union entre couches sociales ? « Mais oui ! Ce n’est pas réservé à l’underground, le tatouage s’est beaucoup démocratisé. » Elle a des tonnes d’histoires à raconter sur ceux qui viennent se faire piquer la peau.Après des débuts en région parisienne, Miss Atomik est rennaise depuis 2007. Une spécialité locale ? « Pas vraiment. On a peut-être un peu plus de demandes « identitaires », type triskell, hermines, drapeaux bretons, ou des ancres marines, des bateaux, ce qui touche au monde de la mer. »

Son Rennes va du centre historique, autour de la place Sainte Anne, jusqu’au sud de la Vilaine, vers un quartier Saint-Hélier en pleine effervescence. « Je fréquentais beaucoup la place Sainte-Anne et l’ancienne rue de la soif (la rue de Saint-Malo), qu’on appelait comme ça bien avant la rue Saint-Michel ! » Dans la vieille ville, rue Saint-Georges, autour des portes mordelaises ou de l’église du Vieux Saint-Étienne, elle adore « pousser les portes de certaines cours. On trouve des endroits fabuleux, avec des colombages et des escaliers magnifiques. »

Bobo, chico et punk

Mais son Rennes n’est pas seulement médiéval. Dans son secteur, au sud de la gare, Virginie raffole des maisonnettes des années 20-30-40. En briques ou en schiste, parfois ornées d’extensions en bois, de bardages en zinc, de surfaces vitrées donnant sur des jardinets croquignolets. « C’est un quartier qu’on peut découvrir à pied, et s’y perdre. Je m’y balade comme une touriste. Ça manque parfois de commerces, beaucoup de vitrines sont devenues des logements. Mais on sent un potentiel, ça va changer. Autour de l’église Sacré-Cœur, c’est le coin des familles. Le vide-grenier de septembre attire un monde dingue. Vous imaginez des bistrots tout autour de la place ? Ce serait fantastique. » Avec ses rues aux faux airs berlinois, son ambiance relax, sa circulation – relativement – apaisée et ses troquets de quartier, la gentrification du sud de la gare est en marche, mais tous les styles s’y croisent et se mélangent. Dans le quartier d’Atomik Tattoo, les belles berlines cohabitent avec les vélos, les anciens fument en terrasse du PMU, les étudiants partagent un kebab, les quadras regonflent leur biclou refait à neuf. Pendant ce temps-là, dans son salon, Virginie trace peut-être la peau d’un joueur du Stade Rennais.

*Pour les amateurs, un rassemblement de véhicules anciens et d’exceptions a lieu tous les premiers dimanches du mois aux hangars à bateaux, aux étangs d’Apigné.

Quand la friperie revisite la mode

Miss Atomik - Rennes

Tirée du nom d’un fameux court-métrage de Truffaut en 1963, Antoine et Colette est l’une des boutiques de fripes les plus en vue du centre-ville, que Miss Atomik recommande. L’endroit sort de l’ordinaire : on y vend de l’occasion triée sur le volet, avec des marques des années 50 à 70, voire 80. On nous confirme ce que les brocanteurs nous ont appris : les années 80 sont à la mode chez les plus jeunes. Guettez bien l’improbable retour du fluo, du bandana et des Reebok Pump…

Antoine et Colette est une boutique de seconde main, avec une forte personnalité. « Ici tout est sélectionné, pour hommes et femmes. On achète aux particuliers qui ont des vêtements intéressants, mais surtout par lots à des revendeurs. » Bref de l’occasion, filtrée par les soins habiles de la patronne des lieux.

Il existe bien d’autres boutiques de fripes dans la ville, même si Miss Atomik n’y a pas d’habitudes. Ding Fring (friperie solidaire) , Un amour de troc (boutique plus haut de gamme) , La Friperie , Trocabi (dépôt-vente) … Rennes compte une dizaine de friperies. Un groupe Facebook a même été créé par des fans de fripes rennais, et regroupe des annonces et des bons plans pour faire évoluer sa garde-robe.

Des puces en veux-tu, en voilà !

Miss atomik

Puisqu’on parle vintage avec Miss Atomik, impossible de finir ce tour de la ville sans aller rendre une petite visite à ses « broc’ ». Ã Rennes l’histoire des revendeurs de meubles et d’objets de déco est intimement liée aux halles centrales, derrière la Criée. « Ça fait plus de 30 ans qu’on est là », expliquent Edith et Mimi, deux figures parmi les 25 brocanteurs qui s’installent ici tous les jeudis matins. Elles exposent aussi aux toutes nouvelles puces de Rennes, mail François Mitterrand, le deuxième dimanche de chaque mois.

Comment devient-on broc ? « On commence par fouiller l’armoire de sa grand-mère, puis on finit par chiner en quête de l’objet que tout le monde veut ! » En ce moment, les années 50 ont clairement la cote. « Ça ne date pas d’hier, s’amuse Mimi, spécialisée dans le salon vintage. Mais on voit le retour des années 80, surtout chez les plus jeunes. Il faut bien s’adapter aux goûts ! »

Les rennais ? “Généreux, enthousiastes, pas blasés”

Pour Edith, les Rennais sont une clientèle particulière. « J’aime bien les habitants de cette ville, ils sont généreux, enthousiastes, pas blasés. C’est dû à la jeunesse. Mais pas seulement, on a aussi des retraités, des habitués plus pointus. »
Globalement, elle juge les Rennais « curieux et sympas. » Mimi a le même avis : « Je vais souvent à Nantes et je trouve que les Rennais ont gardé un côté cool, plus naïf. A Nantes les gens sont plus exigeants, les rapports sont plus compliqués. Il faut dire que la broc y est plus ancienne. » Pas de quoi réveiller la bonne vieille compétition Rennes – Nantes : de l’avis des deux femmes, les publics y sont très complémentaires !

Ils ont passé un week-end avec Miss Atomik

Tourisme éco-responsable