Publié le 10 février 2016, mis à jour le 11 octobre 2023
Tomoko Uemura
Rennes en compagnie d'un greeter
Rennes, la ville des possibles
9 758 kilomètres. C’est la distance parcourue par Tomoko, celle entre Fukuoka – sa ville natale sur l’île de Kyûshû – et Rennes. Cette jolie jeune femme, passionnée et optimiste, est dotée d’une remarquable force de caractère. Ouverte sur le monde, elle aime travailler à de nouveaux projets… sans jamais s’éloigner de Rennes bien longtemps. Cette ville dont les vieilles pierres la fascine, qu’elle aime pour sa sérénité et son sens de la fête. Une ville qui lui ressemble : souriante, vivante, ouverte.
À seulement 19 ans et sans parler un mot de français, Tomoko a débarqué à Rennes. Un vrai défi qu’elle a abordé avec force et joie de vivre. « Je voulais suivre mes études de musique à l’étranger. Au hasard de recherches sur Internet, j’ai découvert des opportunités à Rennes dont le Conservatoire de Musique a une classe de flute traversière, mon instrument. Je me suis bien adaptée, avec une colocation avec deux étudiantes françaises ».
La ville de tous les possibles
J’ai intégré le 3e cycle du Conservatoire pour préparer l’examen final, puis un perfectionnement en région parisienne pendant quatre ans. J’ai hésité à m’installer à Paris, mais je ne voulais pas quitter Rennes où je donnais des cours, où la qualité de vie est incomparable et où vivait mon amoureux, devenu mon mari depuis ! Puis, j’ai eu des contrats avec l’Orchestre de Bretagne, avec l’Opéra de Rennes. »
De rencontres amicales en projets artistiques
Flûtiste classique, je joue aussi de l’afro-rock dans la formation de Mamadou Koita et de l’électro-pop avec Jeremy Meyer, j’ai été musicienne et comédienne dans Le Frisson des pastilles de Julien Mellano… Dans Le Collectif Arborescent, avec de jeunes musiciens professionnels, nous donnons des concerts à thèmes pour faire découvrir la musique classique au plus grand nombre. J’adore me lancer dans de nouvelles aventures artistiques, et à Rennes, c’est facile.
Les visiteurs sont conquis
Quand l’Office de Tourisme m’a contactée pour faire des traductions, puis accompagner un guide français avec des groupes japonais, j’ai pensé que c’était une belle opportunité. J’ai découvert que c’était naturel chez moi. Alors, à la création de l’association de greeters à Rennes, j’étais enchantée ! C’est vraiment sympa de faire partie de l’équipe. Et de recevoir les visiteurs, américains, parisiens, toulousains ou marseillais… Tous sont surpris et conquis par la ville.
Greeters, le tourisme participatif
C’est à New York, au début des années 1990, que sont apparus les premiers greeters, des habitants de la ville mués en acteurs du tourisme. Depuis, le phénomène a fait des émules partout dans le monde. C’est en France qu’on compte le plus d’antennes de greeters. Guides touristiques tout particuliers, les greeters font gratuitement visiter la ville à tout touriste qui en fait la demande par Internet. Ils montrent Rennes telle qu’ils la vivent et telle qu’ils l’aiment, leurs quartiers et leurs lieux de prédilections. Des visites comme des moments de partage, où les liens se tissent, avec des emplettes aux marchés ou du shopping, des sorties culturelles, des pauses dans un parc et des verres pris en terrasse !
La sérénité des jardins et des vieilles pierres
Pour me ressourcer, je file au Parc du Thabor : la Roseraie, les grands arbres, les pelouses, les petits sous-bois, les allées, le café très sympa… J’y apprécie beaucoup le cloître Saint-Melaine, très beau et très serein. J’aime aussi le petit jardin du Vieux Saint-Etienne avec son ancienne église devenue théâtre, un autre refuge de silence et de tranquillité en plein cœur de la ville.
J’adore le Centre historique. Je promène mes chiens le matin rue du Chapitre et rue des Dames… J’aime ces rues piétonnes, leurs vieilles pierres et leurs pavés. En France, on sait conserver les vieux bâtiments. J’aime y sentir les atmosphères, voir les détails, m’attarder, revenir et découvrir un élément que je n’avais pas vu… Et il n’y a pas que l’hyper centre : aujourd’hui la ville s’est détachée de son noyau originel, celui-ci s’est étendu. Il y a de vraies vies de quartiers !
Les secrets du Centre historique
Aux alentours de la Cathédrale Saint-Pierre de Rennes, sillonnent les plus vieilles rues de la ville. Un enchevêtrement de ruelles et de venelles dont les pavés et les maisons à pans de bois plongent le visiteur dans une atmosphère particulière… On s’imagine aisément comment le cœur du centre ancien de la ville battait jadis le long de ce parcours piétonnier. La balade prend des allures de voyage dans le temps, et ravit les amateurs d’Histoire, d’architecture et de tranquillité.
Épargnée par le grand incendie de 1720, la rue du Chapitre fut l’une des plus importantes de la ville. Elle abrite des bâtiments et maisons, conçus entre le 15e et le 17e siècles, aux colombages colorés et ornés de sculptures. La teinte rose de ses pavés tient à leur pierre, un grès extrait des falaises de la côte entre Erquy et le Cap Fréhel. En continuant vers l’Est, on croise la rue des Dames, avec la maison de la Chouette (n°12) bâtie au Moyen-Âge, et plus loin (n°19) l’Hôtel de la Bellangerais (où naquit l’amiral de la Motte-Picquet). L’architecture médiévale, l’irrégularité du large pavage, l’étroitesse des rues, l’ambiance douce et sereine, rendent la découverte du centre historique de Rennes agréable et étonnante.
La convivialité, un art de vivre
Les bars autour du Jardin du Vieux Saint-Etienne sont très agréables. J’y vais tous les vendredis soir avec des amis. Tous les samedis matin, je bois un café avec mon mari et nos amis après le marché des Lices. C’est le cœur battant de Rennes, au centre de ma vie. Sinon, dès que je le peux, je vais à une fête brésilienne organisée par mon ami Pedro Rosa, figure cosmopolite de Rennes. Il fait partie de ces étrangers qui font vivre la ville. Il y a aussi mon ami colombien Juan Manuel Reyes. Il mixe pour des soirées salsa dans le bar Au Coin du Monde ou au Cubanacane.
Rennes au rythme du Brésil
Danseur, professeur de danse et chorégraphe d’origine brésilienne, Pedro Rosa est l’emblème du métissage brésilo-breton. Son regard rieur et sa silhouette déliée font planer sur la ville une ferveur envoûtante. De formation classique, Pedro Rosa réinvente sans cesse la danse brésilienne, la mêlant à des pas contemporains et des influences du monde entier dans lequel il voyage au gré de collaborations et de spectacles. Il revient toujours à Rennes où il enseigne la danse contemporaine (université Rennes 2) et organise stages et spectacles (Compagnie Ochossi).
On doit également à Pedro Rosa le Bal du dimanche Couleurs Brésil, un dimanche par mois dans le quartier de Beauregard, ou encore les Fêtes du Seigneur de Bonfim chaque mois de janvier. À Rennes, comme à Salvador de Bahia, on s’habille alors tout de blanc pour danser et s’amuser.