Publié le 04 février 2021 par Fabrice Mazoir, mis à jour le 28 décembre 2023

Il était une fois… la rue Saint-Melaine

Une des plus anciennes rues de Rennes

Son tracé remonte à l’Antiquité et elle fait partie des rues les plus anciennes de Rennes. Bienvenue dans la rue Saint-Melaine, un passage obligé pour aller visiter le Thabor après avoir traversé la Place Hoche.

Le tracé de la rue Saint-Melaine suit le decumanus gallo-romain

C’est une jolie rue piétonne qui relie le quartier Sainte-Anne au Thabor, en passant par la Place Hoche. Un quartier étudiant très animé, avec de nombreux restaurants et son église qui veille sur la ville. Son tracé est ancien. La rue suit en effet le decumanus antique, un axe traversant est-ouest qui vient croiser perpendiculairement le cardo, artère nord-sud importante, actuelle rue Saint-Malo. Alors que d’autres axes antiques se sont un peu dissous dans le tissu urbain, la rue Saint-Melaine a conservé sa largeur d’origine et la présence de maisons-à-pans de bois atteste de son ancienneté.

CRT Bretagne – Noé C. Photography

« La rue porte le nom de Saint-Melaine, dès 1265 » raconte Gilles Brohan animateur de l’architecture et du patrimoine à l’office de tourisme. « Considéré comme le premier évêque de Rennes – en réalité le premier était saint Amand – il a été inhumé au VIème siècle dans le cimetière qui se trouvait à l’emplacement du parc du Thabor. Ce lieu de sépulture est devenu à la suite de faits miraculeux, un lieu de pèlerinage. C’est pourquoi l’abbaye dédiée au saint breton y a été fondée ».

Le quartier des ordres religieux

Et ce n’est pas la seule fondation religieuse du quartier. La rue Saint-Melaine était en effet cernée par les ordres religieux : les Bénédictins au Thabor, les Carmélites au Nord (le nom du passage des Carmélites entre la rue d’Antrain et la Place Hoche le rappelle) et les Visitandines au Sud. Aujourd’hui la Visitation est une galerie commerciale mais c’était autrefois un couvent. A partir de la Révolution, ces différents espaces vont être récupérés. Comme dans beaucoup d’autres villes, ces domaines réservés vont être réaménagés et ouverts aux habitants. C’est le cas du jardin des moines du Thabor qui ouvre progressivement ses portes à partir de la fin du XVIIIème siècle pour satisfaire le goût de la promenade. Peu à peu il deviendra avec les aménagements des frères Bülher, « le Prince des jardins » qui attire chaque année près de 1,5 million de visiteurs.

Les pépites architecturales de la Place Hoche

La rue Saint-Melaine est donc un passage obligé avant d’aller admirer les jardins à la française, la roseraie et le parc à l’anglaise du plus célèbre parc rennais. Mais la rue dispose aussi d’autres charmes. « Lorsque la Place Hoche a été aménagée à la fin du XIXème, plusieurs immeubles remarquables ont été construits » explique Gilles Brohan.

A l’angle, l’immeuble Couasnon (1908) épouse les codes de l’Art nouveau. Au numéro 5, à l’autre angle du pâté de maison l’hôtel particulier, dessiné par l’architecte Eugène Guillaume, date de 1900. Et impossible de rater aussi la verrière qui coiffe l’immeuble du numéro 2. Une prouesse architecturale récente primée aux trophées de la construction 2020. C’est le siège du groupe agroalimentaire Norac qui œuvre aussi à travers sa fondation à la promotion de l’art contemporain en organisant des biennales. Sur la place on profite aussi aux beaux jours, des grandes terrasses en bois et pour les plus jeunes un magnifique carrousel fait tourner les têtes.

Destination Rennes – Noé C. Photography

L’ancien Grand Séminaire, un chef-d’œuvre d’architecture

Mais la place Hoche compte aussi d’autres pépites architecturales et patrimoniales. En particulier au numéro 6, où se trouve l’hôtel Galicier, véritable château de conte de fées. Un hôtel particulier d’inspiration néo-gothique avec sa toiture en poivrière si particulière, construit en 1893 par l’ingénieur Alexandre Guidet.

Il existe un autre trésor d’architecture que vous pourrez admirer si vous suivez des études à la faculté de Sciences Économiques. Les étudiants ne le savent pas tous, mais ils suivent leurs cours dans l’ancien Grand Séminaire de Rennes, achevé en 1875. Son architecte est Henri Labrouste, une référence mondiale de l’architecture moderne à qui on doit notamment des chefs d’œuvre comme la Bibliothèque nationale de France (BnF) et la bibliothèque Sainte-Geneviève, à Paris. On peut y voir l’utilisation avant-gardiste de poutres métalliques apparentes qui préfigurent celles de la Tour Eiffel, construite une vingtaine d’années plus tard.

Ambiance étudiante et adresses de choix

Le décor de la place, avec ses immeubles XIXème, les maisons à pans-de-bois qui longent la rue pavée historique qui mène au Thabor et surtout, l’ambiance étudiante, avec les nombreuses facs et écoles dans ce quartier, font le charme de la rue Saint-Melaine. Une rue qui compte aussi de nombreuses adresses de choix : crêperies, restaurants, bars, café et salons de thé jouxtent des boutiques originales, une librairie… La Place Hoche accueille aussi tous les jours quand il fait beau une demi-douzaine de bouquinistes, un marché du Livre incontournable. Par endroits vous tomberez peut-être face à des hermines qui habitent les vitrines. C’est le signe de l’opération « Bonne Kozh », une grande campagne de réhabilitation du centre ancien. L’animal symbole de la Bretagne s’y affiche le temps que les immeubles puissent accueillir de nouveaux commerces.

Enfin, la rue Saint-Melaine cultive aussi son côté artistique avec l’école des beaux-arts (EESAB) ainsi que le Conservatoire dans la rue Hoche, le Centre chorégraphique de Rennes et de Bretagne au 38 rue Saint-Melaine et les locaux de l’Orchestre National de Bretagne qui se produit fréquemment au Couvent des Jacobins quelques centaines de mètres plus loin.

La rue Saint-Melaine est finalement un concentré de l’art de vivre à la rennaise, avec une architecture riche et variée, des institutions culturelles et de sympathiques terrasses où les étudiants viennent refaire le monde.

Tourisme éco-responsable