Publié le 08 septembre 2020 par Fabrice Mazoir, mis à jour le 28 décembre 2023
Il était une fois… la rue Saint-Malo
Une rue animée depuis la nuit des temps
Son nom sent bon les vacances, le sable chaud, les coquillages et les crustacés… Avec son ambiance si particulière, la rue Saint-Malo fait partie des ruelles historiques de la capitale bretonne. Une longue rue avec une longue histoire où on profite aujourd’hui de bonnes petites adresses pour voyager à travers les spécialités du monde entier.
Aussi longue que la rue de Rivoli à Paris…
La rue Saint-Malo est sans doute l’une des plus longues rues de Rennes. Son ambiance est un brin revêche, on la qualifie même de « canaille ». Elle est à l’image de Rennes, avec un côté contestataire et rebelle qui lui va bien et qui a marqué son histoire. Bienvenue dans l’ancienne rue de la Soif, la rue Saint-Malo où vous passerez forcément lors de votre séjour à Rennes pour manger un morceau, boire un verre. Un passage obligé pour trouver des idées de sorties et d’activités à l’office de tourisme installé depuis 2019 au numéro 1 dans l’ancienne salle capitulaire du Couvent des Jacobins !
La rue qui porte le nom de la célèbre station balnéaire de la Côte d’Emeraude ne s’est pas toujours appelée ainsi. Elle était autrefois connue sous le nom de « rue haute », par opposition à la « rue basse », l’actuelle rue de Dinan. Les deux sont d’ailleurs reliées par un passage discret qui serpente entre les murs et les immeubles : la ruelle aux chapeliers dont l’entrée se trouve au numéro 7.
Sur le tracé d’une ancienne route gallo-romaine
Le point commun entre ces deux rues ? Leur orientation nord-sud. La rue Saint-Malo est en effet depuis la nuit des temps un axe majeur de Rennes. « Depuis les origines de la ville la rue Saint-Malo est un axe important qui permettait d’entrer et de sortir de Rennes suivant le tracé d’une ancienne route gallo-romaine » raconte Gilles Brohan animateur du patrimoine à l’office de Tourisme –Destination Rennes. « Elle forme ce qu’on appelle le cardo, l’axe nord-sud qui traverse une ville et croise en son centre névralgique le decumanus, l’axe est-ouest, en l’occurrence à Rennes la rue Saint-Melaine ».
En 1792, on la rebaptise rue Port-Malo, du nom éphémère de la cité corsaire. La partie qui longe le Couvent des Jacobins prend aussi le nom de rue Saint-Dominique, en référence aux Dominicains, l’autre nom de l’ordre des frères prêcheurs à l’origine de la fondation du couvent. Bien plus tard, elle sera surnommée « rue de la soif », en prolongement de la rue Saint-Michel, à l’époque où de nombreux établissements pour noctambules attiraient du monde jusqu’au bout de la nuit.
Un lieu de passage avant l’entrée dans la ville
Il s’agit donc d’un lieu ancien de passage et d’entrée de la ville. C’est d’ailleurs pour cette raison que le Couvent des Jacobins s’y installe au XIVème siècle. Le lieu est stratégique : il relie l’une des portes de la ville fortifiée aux bords de l’Ille, l’autre cours d’eau à l’origine avec la Vilaine du nom antique de la Rennes : Condate qui signifie « confluence ».
A l’époque, si de nombreuses activités s’y agglutinent, dans les faubourgs en dehors des remparts, le quartier autour de l’actuelle rue Saint-Malo reste très vert et bien moins dense que l’intra-muros. Pour qui sait lire les plans et la forme d’une ville, on en devine encore quelques vestiges. « Très tôt, des activités se développent sur les abords de la rue Saint-Michel, avec des artisans qui s’y installent dès l’époque antique » explique Gilles Brohan, mais il faut attendre le Moyen Âge pour que des constructions s’édifient rue Saint-Malo, « c’est une zone très verte et moins dense que l’intra-muros avec des parcelles en lanières, en dents de peigne, autour des axes routiers. Le tissu urbain y est délié et ponctué de jardins jusqu’au pont Saint-Martin ».
Une rue en première ligne dans la révolte du Papier timbré
Exception faite du Couvent des Jacobins, magnifiquement restauré et transformé en centre des congrès, il reste peu de traces des constructions du Moyen Age dans la rue. Même les maisons à pans-de-bois, qui ont pourtant fait la renommée touristique de Rennes, y sont peu nombreuses. Il en reste toute de même une immanquable, au numéro 32. Sa belle couleur jaune est une invitation au voyage, en poussant la porte on est immédiatement transporté ailleurs : dans la boutique la Maison du Cachemire.
Les autres maisons à pans de bois ont été détruites au XVIIème siècle en représailles de la Révolte du Papier timbré. Car la rue était déjà à ce moment-là, en 1675, un haut lieu de la contestation. Cette révolte contre de nouveaux impôts a marqué l’histoire de Rennes. Et un épisode a conduit le pouvoir à réprimer très durement les habitants de la rue haute : alors qu’elle passe dans la rue en carrosse, la Duchesse de Chaulnes, épouse du gouverneur, est prise à partie par la foule qui lui demande avec insistance d’être marraine d’un nouveau-né. Mais à la place d’un bébé on lui tend… un chat crevé. Un humour un poil potache qui passe mal auprès du Duc de Chaulnes. Et il ne fait pas de quartier. Résultat, la répression est encore plus sévère dans la rue, les habitants sont expulsés et beaucoup d’habitations détruites.
Une rue à l’esprit « canaille »
La rue est aujourd’hui bien plus calme mais reste animée les soirs de fête et garde un esprit « canaille » typiquement rennais. La rue de la soif y trouvait il n’y a pas si longtemps avec des établissements mythiques comme la Bernique Hurlante. La rue Saint Malo a su garder cette identité si particulière aux portes de l’hyper-centre.
Chaque 1er mai une fête de la paresse invite d’ailleurs à fêter l’oisiveté plutôt que le travail. Si la rue a gardé un côté un peu rebelle elle s’est transformée ces dernières années avec de nouvelles adresses pour boire un verre ou manger un morceau, écouter un concert. En 2019, au début de la rue dans une aile du Couvent des Jacobins, l’Office de tourisme y a aussi pris ses quartiers et attire de nouveaux visiteurs dans cette partie du centre-ville qui est en train de se déployer vers l’Hôtel-Dieu. Là où de nouvelles activités de loisirs, de restauration et à terme d’hébergements donnent encore une nouvelle dimension à ce quartier plein de vie. The Roof, une maison de l’escalade et Origines, un restaurant et micro-brasserie ont ouvert leurs portes en 2019.
Plein de bonnes adresses pour manger, boire un verre ou faire du shopping
C’est le moment d’aller faire un tour Rue Saint-Malo, une rue où il est possible de voyager à travers toutes les spécialités du monde. A commencer par les spécialités bretonnes avec la Œuf la crêperie. Acronyme de « On est une famille » cette adresse propose des galettes et des crêpes avec des produits locaux de grande qualité à petit prix. Le Brunch breton du dimanche mérite aussi le détour.
Autre adresse qui fait le plein autour de spécialités locales : le Café des Jacobins installé au tout début de la rue. Une rôtisserie et cave à manger à l’ambiance conviviale, où on vient déguster les volailles du coin et de bons petits vins et bières bretonnes, à consommer avec modération évidemment.
Tout au long de la rue plusieurs restaurants permettent de se dépayser et de satisfaire les palais en quête de spécialités exotiques. Pour les amateurs de cuisine libanaise revisitée, Mezzelicious est un must pour savourer des mezzes dans un décor design, n’oubliez pas de réserver ! Voyage encore, de l’autre côté de l’océan atlantique avec back to the 60’s qui va vous replonger dans l’ambiance d’un dinner américain des sixties avec au menu des burgers généreux, des milk shake…
Des disquaires pour les fans de musique
Pour les fans de Burger, la bonne adresse c’est Burger Attitude, un bistrot à burgers qui propose des burgers inspirés par les spécialités régionales françaises. Parmi les nouvelles adresses qui ont ouvert rue Saint-Malo, Symbiozh est sans doute celle avec le concept le plus original : un café-concept store où on peut à la fois manger des spécialités végé concoctées avec des produits locaux, mais aussi acheter des plantes d’intérieures. La promesse d’une pause végétale bienvenue.
Pour les amateurs de grandes tablées conviviales direction AMI Social Grill pour partager un moment entre amis et prolonger la soirée dans la salle du bas au style très disco.
La rue Saint-Malo regorge aussi de bars pour prendre un verre (le Black Bear, le bar de la plage, le Tri-plaisirs… et bien d’autres). Côté bar de nuit, l’adresse incontournable c’est le Doujezu qui a pris la suite du mythique Dejazzey. Des boutiques sympathiques valent aussi le détour, en particulier des disquaires : Les enfants de Bohème et les Troubadours du chaos font partie des adresses de choix pour trouver des vinyles et des CD pour tous les goûts. Une raison de plus d’aller faire un tour dans la rue Saint-Malo.