Publié le 28 janvier 2021 par Fabrice Mazoir, mis à jour le 28 décembre 2023
Il était une fois… la rue Saint-Georges
Une rue avec une grande diversité de façades à pans de bois
La rue Saint-Georges fait partie des plus belles rues piétonnes du centre historique de Rennes. On peut y admirer de belles façades à pans-de-bois colorées de différentes époques. Une rue pavée qui concentre aussi de nombreux restaurants, bars et commerces. Bienvenue dans la rue Saint-Georges !
En voilà une rue charmante, piétonne et pavée : la rue Saint-Georges est typique de l’architecture rennaise. Avec la rue du Chapitre elle est l’une des rues qui compte le plus de façades à pans-de-bois avec une grande diversité de styles et d’époques. Des maisons en bois et en pierre qui datent du XVIème, du XVIIème et du XVIIIème siècles. La raison est simple : la rue a été épargnée par l’incendie de 1720 et c’est pourquoi on peut encore y admirer des façades très anciennes. Certaines sont en cours de réhabilitation, vous les remarquerez facilement, de drôles d’hermines s’affichent dans leurs fenêtres. Le signe de l’opération « Bonne Kozh », un vaste chantier pour sauvegarder et restaurer ce patrimoine emblématique du centre ancien de Rennes.
Une rue avec un tracé médiéval irrégulier
Une rue avec un riche patrimoine et une longue histoire. « La rue Saint-Georges a encore un tracé médiéval irrégulier » raconte Gilles Brohan, animateur de l’architecture et du patrimoine à l’office de tourisme. « Elle porte le nom de Saint-Georges parce qu’elle conduisait à l’abbaye du même nom, fondée au XIème siècle ».
Au Moyen Âge, lorsque la capitale de la Bretagne était encore entourée de remparts, la rue était ainsi un axe de circulation important par où les voyageurs entraient dans la ville après avoir traversé la Porte Saint-Georges. Aujourd’hui disparue, la porte se situait à l’emplacement de l’actuel Hôtel de Cuillé (au 2 rue du Contour de la Motte), dont la façade légèrement arrondie évoque encore la forme de l’ancienne porte.
Parmi les nombreuses maisons à pans-de-bois de la rue, celle du numéro 3 est particulièrement remarquable : l’Hôtel de la Moussaye. Il s’agit sans doute de l’une des premières qui a été construites au milieu du XVIème siècle. Elle est beaucoup plus large que les autres façades de la rue et son décor sculpté est très sophistiqué. Autre particularité, elle est édifiée sur deux parcelles qui ont pignon sur rue et lorsqu’on pénètre dans la cour (dans le cadre des visites proposées par l’office de tourisme sur le thème des cours intérieures), on tombe nez-à-nez avec un deuxième hôtel particulier. Le propriétaire disposait sans doute d’importants moyens pour se faire construire une habitation aussi ostentatoire.
Une rue métamorphosée avec l’arrivée des Parlementaires au XVIIème siècle
Mais c’est au siècle suivant que la rue Saint-Georges va devenir l’une des rues les plus « hype » de la capitale bretonne. Avec la construction du Parlement de Bretagne, la population va considérablement se renouveler. De nombreux parlementaires originaires d’autres régions, comme la Mayenne, la Normandie ou Paris, y élisent domicile. Comme le Parlement ne siégeait pas de manière permanente, les parlementaires louent des appartements ou se font construire des immeubles à proximité immédiate du Palais. Une transformation qui pourrait s’apparenter au succès d’Airbnb aujourd’hui et à une forme de gentrification.
Un quartier qui concentre toutes les élites et les notables
Toute l’élite se concentre alors dans le quartier et de grand hôtels particuliers poussent, en particulier dans la rue de Corbin où les terrains sont plus grands et permettent d’avoir un accès sur la rue Saint-Georges qui conduit au Parlement. Jusqu’à la Révolution, tout le quartier autour de Saint-Germain devient alors une paroisse de parlementaires. Cet héritage a perduré d’une certaine manière au niveau du contour de la Motte qui concentre encore de nombreux sièges et institutions liées au pouvoir politique. Il est d’ailleurs surnommé « le contour des pouvoirs ». A partir de la Révolution française la rue Saint-Georges change temporairement de nom pour s’appeler « rue de la Montagne » en référence au mouvement politique favorable aux idées républicaines. Pour l’anecdote, le pamphlétaire Volney a même fait imprimer son journal « La sentinelle du Peuple » dans cette rue avant d’aller se cacher ailleurs pour l’éditer.
Avec les étudiants elle prend des airs de quartier latin
A l’époque contemporaine, la rue Saint-Georges et le quartier vont connaître une autre révolution avec l’arrivée d’une nouvelle population : les étudiants. Avec la faculté des sciences (l’actuel Hôtel Pasteur) toute proche, construite à la fin du XIXème siècle, la rue prend des faux airs de quartier latin jusqu’au déménagement du campus à Beaulieu à la fin des années 1960.
La rue Saint-Georges a un long passé festif. Pendant l’Occupation la rue Saint-Georges abritera même un club swing qui rayonnera bien au-delà des frontières de la Bretagne : le Hot Club de Rennes.
La ruelle pavée est aussi réputée pour être l’ancêtre de la rue de la Soif. Un titre actuellement revendiqué par la rue Saint-Michel qui compte un bar tous les 7 mètres, le record de France !
Une rue qui compte aujourd’hui de nombreux restaurants, bars et commerces
Aujourd’hui, la rue Saint-Georges est célèbre pour ses nombreux restaurants et commerces. C’est sans doute l’une des rues qui concentre le plus de crêperies au mètre carré : la Gavotte, la Ville d’Ys, la Fabrique, l’Instant Crêperie… On y trouve aussi de nombreux cafés, bistrots, restaurants de cuisine du monde avec des terrasses agréables en font un spot apprécié de touristes, des étudiants et des fans de shopping. Ces derniers viennent également dans la rue Saint-Georges pour chercher d’autres formes de nourritures dans une institution culturelle rennaise : la librairie Le Failler installée dans une immense maison à pans de bois.
Alors la prochaine fois que vous passerez rue Saint-Georges, après avoir visité le Parlement de Bretagne par exemple, prenez le temps de contempler ses façades à pans-de-bois et replongez-vous dans son histoire…