Publié le 26 août 2021 par Fabrice Mazoir, mis à jour le 28 décembre 2023
Il était une fois… la rue du Chapitre
Une rue piétonne typique du vieux Rennes
Quand on demande aux Rennais quelle est leur rue préférée à Rennes, le nom de la rue du Chapitre revient très souvent. Il faut dire qu’avec ses maisons à pans-de-bois, ses hôtels particuliers, ses belles boutiques et ses restaurants, elle a de quoi charmer les visiteurs. Une visite guidée s’impose pour découvrir son histoire.
Une rue au cœur de la cité, au plus proche du pouvoir religieux
Flâner dans la rue du Chapitre est toujours un moment à part, un peu hors du temps, loin de l’animation des autres rues et places du centre historique. On vient y faire du lèche-vitrine devant des échoppes originales, déguster une crêpe, une galette ou un bon petit plat tout en prenant le temps de lever les yeux pour admirer les détails sculptés et colorés des façades à pans-de-bois.
La rue du Chapitre est LA rue emblématique du centre historique. Son histoire se lit aussi dans son agencement et raconte les mutations de la ville, depuis ses origines antiques, en passant par les fondations médiévales, l’architecture de la Renaissance jusqu’aux hôtels particuliers construits après l’incendie de 1720. Comme la Place du Champ-Jacquet, elle est un livre ouvert sur le passé de la capitale de la Bretagne, avec une touche très actuelle grâce à la présence de commerces et restaurants de caractère.
Elle s’appelait autrefois “rue du four au Chapitre”
Comme tout le quartier autour de la cathédrale et notamment sa voisine parallèle la rue de la Psalette, on est ici au cœur de la cité. Là où, dès le Moyen Âge, se concentraient les élites autour de l’Evêque. C’est d’ailleurs du pouvoir ecclésiastique et la présence de ses chanoines qu’elle tire son nom : elle s’appelait autrefois la rue du Four au Chapitre. Le four, situé au numéro 16 appartenait en effet à l’Evêché. En regardant attentivement la façade on peut y voir quelques détails, comme des épis de blé et des clés de Saint-Pierre stylisées, qui rappellent sa présence.
Maisons à pans-de-bois du Moyen Âge et de la Renaissance
Mais il n’y a pas que les maisons à pans-de-bois qui font le charme de la rue, le patrimoine bâti y est en effet très varié et ne date pas uniquement du Moyen Âge.
« Quand on traverse l’étroite rue du Chapitre on a l’impression d’être, à tort, dans une ambiance médiévale avec les façades à pans-de-bois et le tracé un peu irrégulier de la rue » précise Gilles Brohan animateur du patrimoine à l’Office de tourisme. « La rue fait la jonction entre ce qu’on appelle la ville de bois, dont la partie autour de la cathédrale a été épargnée par l’incendie de 1720, et la partie reconstruite en pierres ».
Et c’est tout l’intérêt architectural de la rue qui comprend des maisons avec une grande diversité de styles et d’époques. La plus ancienne maison à pans-de-bois se situe au numéro 18. Vous la reconnaîtrez facilement avec son encorbellement et l’enseigne de l’Auberge du chapitre, restaurant médiéval définitivement fermé. Sa façade très étroite est typique du XVème siècle.
Les maisons voisines qui font l’angle avec la rue de la Psalette, aux numéros 20 et 22, sont plus tardives. Elles datent du XVIème siècle. Leurs décors sculptés sont remarquables et témoignent du style de la Renaissance. « Leur vocabulaire sculpté avec des profils de visages humains ou d’animaux sculptés sur les poteaux, des rinceaux végétaux, des denticules et des oves (en forme d’œuf) sculptés sont caractéristiques des motifs de la Seconde Renaissance qui fleurissent sur les façades au cours du XVIème siècle » détaille Gilles Brohan. Difficile pour les non-initiés de faire la différence entre les maisons médiévales et celles de la Renaissance ! « Les sculptures et peintures sur les façades sont d’une certaine manière un héritage des pratiques médiévales, mais les motifs sont différents. Sur les maisons du Moyen Âge, le décor sculpté est moins abondant avec des motifs à chevrons et des croix de Saint-André. »
Des hôtels particuliers magnifiquement restaurés
A l’autre bout de la rue, on peut admirer une autre maison datant du Moyen Âge. Elle abrite une charmante maison d’hôtes (Marnie et Mister H) dans laquelle on peut voir une magnifique cheminée gothique. Cet ancien hôtel particulier date du XIVème-XVème et appartenait à la famille du Talhouët au XVIIIème siècle.
Impossible de passer à côté de la maison du numéro 5 avec sa façade à pans-de-bois en polychromie. Il s’agit de l’ancien hôtel de l’Escu de Runfao construit au XVIIème siècle avec trois niveaux de colombages.
Sur le côté sud de la rue d’autres maisons à pans-de-bois datant du XVIIème ont conservé des arcades qui servaient à remiser les carrosses. Aujourd’hui transformées en belles boutiques et en restaurants dont les terrasses sont particulièrement agréables aux beaux jours.
D’autres bâtiments intéressants sont à visiter dans la rue et datent d’après l’incendie de 1720. Car si la plupart des maisons ont été épargnées par les flammes c’est parce que les riches propriétaires des lieux voyant arriver le feu ont convaincu les plus exposés de détruire leurs maisons pour faire office de pare-feux. Un « sacrifice » sans lequel on ne pourrait pas contempler les belles maisons de la rue du Chapitre.
L’Hôtel de Blossac et son escalier, un incontournable de la rue
Après l’incendie, les constructeurs ont donc privilégié la pierre le meilleur exemple est le splendide Hôtel de Blossac, sis au numéro 6. S’il abrite désormais la Direction régionale des Affaires culturelles (Drac), cet hôtel particulier et son vaste jardin a été construit pour la famille de Blossac (une branche de la famille de la Bourdonnaye). On l’attribue à l’architecte Gabriel (qui a signé également l’Hôtel de ville à la même période).
Construit entre 1728 et 1732 à l’emplacement des écuries de l’hôtel de Brie voisin, que la famille Blossac acquiert par la même occasion, il s’étire sur une parcelle très grande dans un quartier où l’espace était rare et donc cher. S’installer au cœur de la Cité était assurément un moyen d’asseoir son pouvoir.
Si l’hôtel de Blossac ne reprend pas le plan habituel des hôtels particuliers, il en a toutes les commodités : un large portail en demi-lune et surtout, un passage couvert qui ouvre sur un péristyle avec des colonnes de marbre rose et un escalier magistral. Les logements étaient calqués sur le modèle en vogue dans les cours royales, avec deux appartements superposés, un pour Madame et un pour Monsieur. L’escalier fait partie des éléments à voir lors d’une visite guidée à Rennes. Les guides conférenciers de l’Office de tourisme y passent avec les visiteurs dans le cadre des parcours dédiés aux cours intérieures, aux hôtels particuliers et à la reconstruction de la ville après l’incendie. Il est également accessible en visite libre du lundi au vendredi.
Finalement la Famille de Blossac n’a vécu là que très peu de temps, et au XIXème siècle c’est un écrivain célèbre qui y marqué son empreinte. Paul Féval, fils d’un magistrat de la cour d’appel, logeait en effet sur place. « Quand on monte l’escalier on se dit que l’ambiance a peut-être inspiré Le Bossu et les romans de cape et d’épée de Paul Féval » suggère Gilles Brohan.
Une rue idéale pour faire du shopping ou déjeuner en terrasse
Entre les maisons médiévales et les hôtels particuliers de bois ou de pierre, la rue du Chapitre réserve donc pas mal de belles surprises. C’est sans doute pour cela que des restaurants et des boutiques originales s’y sont installées. Entre l’emblématique crêperie Saint-Georges, Au petit Grenier, Estime le Méditerranée, ou Chez les garçons, vous avez l’embarras du choix pour vous y régaler. Et pour un séjour au coeur du centre historique dans une rue qui a conservé son calme, vous allez tombez sous le charme des chambres d’hôtes Marnie et Mister H.
Côté boutiques on y trouve plusieurs Concept-stores comme Made in Frogs spécialisé dans les produits made in France ou encore la boutique de créateurs Chouette ! De quoi passer un bon moment à faire du shopping dans cette petite ruelle pavée qui ne manque pas d’attraits.