Publié le 21 novembre 2019 par Fabrice Mazoir, mis à jour le 28 décembre 2023
Il était une fois… la Place des Lices
Les Lices, du Moyen Âge à aujourd’hui…
Son nom évoque les tournois des chevaliers, on y vient chaque week-end pour se régaler… La Place des Lices est l’une des plus fréquentées de Rennes. En particulier le samedi matin quand le marché des Lices s’y installe. Une tradition gourmande qui dure depuis près de 400 ans. Mais les Lices ont plein d’autres histoires à vous raconter…
Un concentré de l’art de vivre rennais
Au cœur du centre historique, la Place des Lices est un concentré de l’art de vivre et du patrimoine rennais : une place conviviale, avec ses halles Martenot de style Baltard, bordées de terrasses de bars et de restaurants avec une vue dégagée sur une skyline architecturale originale, où les styles de différentes époques cohabitent. De là, on aperçoit les tours de la cathédrale Saint-Pierre. Plus loin, les tours siamoises des Horizons, dessinées par Georges Maillols, font écho aux hôtels particuliers jumeaux à pans de bois. Ces immeubles remarquables par leur hauteur veillent sur le marché des Lices qui s’y tient chaque samedi matin depuis 1622.
Ici bat le cœur de Rennes, celui des gourmands qui viennent se ravitailler le week-end en produits du terroir breton et celui des fêtards et des étudiants qui s’y croisent le jeudi soir. Il n’est pas rare que tout le monde se retrouve dès potron-minet autour des étals pour déguster, quelle que soit l’heure, des huîtres et une bonne galette saucisse. Autrefois, c’est le rempart médiéval qui servait de décor aux agapes populaires… Remontons un peu le temps : imaginez une place aux portes de la ville, entourée de champs, où se tenaient les joutes entre chevaliers.
Lieu de joutes chevaleresques… et de supplices
« Le nom de la Place des Lices nous ramène à l’époque médiévale. Sur ce lieu en dehors du rempart, des terrains se transforment pour accueillir des événements comme les tournois chevaleresques » raconte Gilles Brohan, animateur du patrimoine et de l’architecture à l’office de tourisme. « La lice est le nom de la barrière de bois qui sépare chaque chevalier lors des joutes. Le plus connu d’entre eux, Bertrand du Guesclin, y a fait ses armes ».
La place est aussi un symbole de justice, c’est là que le gibet est installé, à l’emplacement exact de l’actuelle horloge. Un point de repère qui sert aujourd’hui de lieu de rendez-vous. Mais parmi les passants combien savent que les condamnés à mort y étaient menés par la rue qui porte le nom évocateur de “rue des Innocents” ? Elle relie la Place des lices à la rue Saint-Louis. « Quiconque entrait ou arrivait par la rue Saint-Malo pour entrer dans la ville voyait le gibet placé ici, symbole de justice et de pouvoir » explique Gilles Brohan. Les suppliciés étaient roués de coups et pendus pour être bien visibles.
Quand Bertrand du Guesclin joutait incognito
4 juin 1337, un grand tournoi a lieu à Rennes sur la Place des Lices à l’occasion d’une fête ducale. Betrand du Guesclin, le futur connétable de France, n’a que 17 ans et interdiction de participer à un tournoi. Mais la tentation est trop grande de démontrer sa valeur au combat. Il s’aligne quand même au tournoi en empruntant l’armure de son cousin pour ne pas être reconnu. Et celui qui deviendra plus tard un héros de la Guerre de Cent ans ne fait pas dans le détail. Il désarçonne une douzaine de chevaliers à coups de lance. Problème, le prochain adversaire qu’il doit affronter n’est autre que son père. Du Guesclin préfère s’incliner en signe de respect devant son seigneur et refuse le combat. Peu après, un autre chevalier lui arrache la visière de son heaume au cours d’une joute et tout le monde reconnaît alors celui qui deviendra quelques années plus tard la terreur des Anglais, connu sous le surnom de « Dogue noir de Brocéliande ».
Une histoire sans doute un peu romancée, à découvrir parmi d’autres, à l’occasion d’une visite guidée qui vous replongera dans l’ambiance de Rennes au Moyen Âge.
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Avec l’installation du marché en 1622, la Place s’anime
Après le Moyen Âge, la place s’anime plus joyeusement. En 1622, le marché s’y installe, et aujourd’hui encore, chaque samedi matin, la tradition continue. « Au XVIIème siècle, le marché va transformer la place qui devient très fréquentée. Faute de place dans l’intra-muros, les Parlementaires qui cherchent à se loger y font construire des hôtels particuliers à la hauteur de leur statut » relate Gilles Brohan. Car sur la place ce n’est pas l’espace qui manque. D’immenses hôtels particuliers en mettent alors plein la vue : en 1658 les premiers sont construits aux numéros 24 et 26 : il s’agit des hôtels jumeaux à pans de bois, l’hôtel de la Noue et Racapée de la Feuillée.
D’autres sont édifiés en pierre, comme l’hôtel de Montbourcher en 1658, au numéro 30, et l’hôtel du Molant entre 1666 et 1670, au numéro 34 où se trouve actuellement le restaurant gastronomique le Carré avec son agréable terrasse. La salle des ventes voisine est installée sur l’emplacement des écuries de ce bâtiment, où vivait des personnages très importants pendant la période parlementaire. « Le premier magistrat de la ville, le jurisconsulte, puis le grand intendant de Bretagne, y sont logés à la fin du XVIIème siècle » détaille Gilles Brohan. « Avec sa cour et ses jardins, l’hôtel du Molant est emblématique du plan classique des hôtels particuliers. Il n’y a pas de décor ostentatoire sur la façade, à l’exception d’un profil de Louis XIV, mais le simple fait qu’il soit édifié en pierres témoigne d’une certaine aisance financière ».
Au XIXème siècle, les Halles Martenot sortent de terre
Au XIXème siècle, un dernier aménagement transforme encore la place : les Halles Martenot, du nom de l’architecte Jean Baptise Martenot, sont construites en 1871 sur le modèle des halles Baltard de Paris. Mélange d’architecture de briques et d’acier typique de la période, les deux halles d’une superficie de 1300 mètres carrés ont été rénovées en 1989. Le jour du marché, celle plus au sud sert de halle aux bouchers. Quant à l’autre, elle accueille des producteurs de produits locaux. Un troisième pavillon a été ajouté en 1907 mais il a été détruit depuis. Les Halles Martenot ont d’ailleurs failli connaître le même sort, menacées par un projet de parking. Heureusement, les Halles sont toujours debout et accueillent régulièrement des événements salons et expositions qui font vivre la Place en dehors du jour de marché.
Le Marché des Lices, deuxième plus grand marché de France
C’est le rendez-vous incontournable des gourmands. Le samedi matin de 7h30 à 13h30, tous les Rennais s’y retrouvent pour faire le plein de fruits et légumes de saison, de poissons frais et de produits de la mer. C’est la grande vitrine des produits du terroir breton où chefs et restaurateurs viennent s’approvisionner en produits qui viennent nourrir leurs cartes et menus de la semaine. Entre les étals, les ménestrels d’aujourd’hui ont toujours leur place : il se passe toujours quelque chose au marché des Lices.
Le rituel de la galette saucisse
Entre les deux halles, les food-trucks et camions ne désemplissent pas : on fait la queue patiemment pour déguster la galette saucisse, la spécialité rennaise par excellence. Au marché vous trouverez aussi tout un tas de produits bios, cidres, pains, miel, bières artisanales, les spécialités produites localement vous font de l’œil… Pas la peine de résister. Il faut céder aussi à une autre tradition locale, celle de l’apéro marché qui consiste à s’installer tranquillement en terrasse pour savourer ses courses. C’est le week-end, détendez-vous et profitez de l’ambiance et du soleil !
Plein de bonnes adresses pour profiter de la ville
A n’importe quelle heure du jour ou de la nuit on se retrouve sur la Places des Lices. Au menu, des bonnes adresses de haut en bas de la place : depuis les terrasses des bars proches de la place Saint-Michel, en passant par les restaurants, il y a de quoi faire. Au Délirum Café on peut même admirer un vestige du rempart médiéval qui longeait toute la place jusqu’aux Portes Mordelaises. Aux premières loges du marché, les terrasses sont très prisées et il vaut mieux arriver tôt chez Caliente qui donne sur le marché aux fleurs, ou à la Grappe, un sympathique petit bar à vin.
Pour les gourmets, d’autres bonnes adresses valent le détour : le restaurant la Closerie installé dans un bel hôtel particulier, Angello dei Lices où on savoure les meilleurs pizzas de Rennes (et parmi les meilleures du monde aussi) ou encore Franquette. En bas des Lices, on trouve aussi d’autres terrasses de bars et de crêperies, où il fait bon passer des heures. Comme au Gazoline où on vient jouer au palet entre amis ou en famille, à l’Amaryllis où on prolonge facilement la soirée.
Côté shopping, dans les belles demeures à colombages, il faut aller faire un tour chez Aperçu, magnifique boutique de déco et de cadeaux et dans l’adresse voisine, la Poudrerie, un beauty bar et institut de maquillage qui vous transformera en reine de beauté. Sans oublier d’aller faire un tour à l’Hôtel des ventes, un bon plan pour dénicher des trésors ou simplement assister au spectacle d’une vente aux enchères. Et pour profiter d’un week-end à Rennes, l’hôtel des Lices est une adresse on ne peut plus centrale. Dernière nouveauté en date : le Mama Shelter, hôtel lifestyle avec spa, bars, restaurants et salles de karaoké à la décoration inimitable, a ouvert ses portes le 2 mars. Depuis le rooftop de son restaurant, la vue sur la place, le marché et les toits de la ville est imprenable !