Publié le 26 septembre 2024, mis à jour le 3 octobre 2024

7 légendes locales effrayantes

Des histoires rennaises à dormir debout

Image générée par Intelligence artificielle représentant un loup-garou devant l'église Saint-Etienne

Un loup-garou dans les rues de Rennes, vous y croyez ? Pas plus qu’à ces animaux fantastiques peuplant la Vilaine ! Et pourtant, n’y a-t-il pas toujours une part de vérité, même infime, dans les légendes bretonnes ? En attendant la nuit d’Halloween, voici le petit musée des horreurs rennaises…

L’abbé sorcier se brûle les ailes Place des Lices

Image générée par intelligence artificielle illustrant la légende de l'abbé sorcier de Fougères

Commençons ce macabre périple avec Mathurin Trullier. Nous sommes en 1642, et l’abbé de Fougères, 34 ans, ne va pas tarder à défrayer la chronique. On raconte que le jeune homme préfère le grimoire de la magie noire au livre saint. Que ce passionné de physique-chimie passe ses nuits à chercher la pierre philosophale, qui lui permettra de changer le plomb en or…

Les preuves que Mathurin Trullier a pactisé avec le diable s’enfilent tels les grains d’un chapelet, enflées par la rumeur, et relayées par des langues toujours promptes à se délier. Le soir de Noël, l’abbé aurait notamment servi à ses convives des cerises rouges, ramassées dans l’arbre de son jardin. Étrange, en plein hiver…
Le Fougerais et un ami auraient encore couvert, en volant, les 50 kilomètres séparant Rennes de Fougères, afin d’assister à l’office de Saint-Melaine. La foi donne des ailes, dit-on, mais l’atterrissage est brutal : le prêtre sorcier est arrêté, jugé et meurt finalement sur le bûcher, place des Lices, le 19 janvier 1643.


L’éternel retour du zombie de La Paillette

La légende du zombie de la Paillette à Rennes remonte au XIXème siècle

Voici maintenant une histoire de revenants dont le lecteur ne reviendra pas : nous sommes à l’aube du XIXe siècle, dans les travées de l’hôpital Saint-Yves. Une religieuse constate que le corps d’un ouvrier est tout ce qu’il y a de plus raide. La dépouille du pauvre diable est alors jetée dans une fosse commune, au cimetière de La Paillette, rue de Polieux. L’histoire devrait s’arrêter là, mais à la nuit tombée, le mort-vivant a la mauvaise surprise de se réveiller au milieu des cadavres enchevêtrés, éclairé par la lumière blafarde de la lune.

Le repos éternel étant remis à plus tard, notre zombie parvient à ramper jusqu’à son domicile de la rue Nantaise, où les voisins viennent attester du miracle. L’ouvrier revenu à la vie y gagnera le surnom de “Père La Paillette”. Il vivra encore quarante ans avant de retourner, pour de bon cette fois, six pieds sous terre.


Quand un crapaud géant semait la terreur dans la Vilaine

Image générée par intelligence artificielle illustrant la légende du crapaud géant de la Vilaine

Au XIIIe siècle, bien avant la célèbre fable de La Fontaine, un crapaud « trois fois plus gros qu’une vache et trois fois plus fort qu’un bœuf » aurait semé la terreur dans les eaux troubles de la Vilaine, au niveau de l’actuel Jardin de la Confluence. Contrarié dans son projet de canal entre Rennes et Saint-Malo, Louis IX, le roi de l’époque, s’en trouva fort contrarié. En guise de talisman contre le monstre au venin mortel, le souverain fit ériger un calvaire, à l’endroit exact de l’actuelle croix de la Mission. Un répulsif pour le moins efficace, puisqu’on ne revit plus jamais l’ombre menaçante du géant vert.


Le serpent de Saint-Georges terrassé par un chevalier

Illustration de la légende du serpent géant de Saint-Georges par une intelligence artificielle

Et ce serpent géant sifflant sur nos têtes, pour qui est-il ? Pour les Rennais qui vivaient au XIe siècle. Le reptile maladroit renversait tout sur son passage en allant se désaltérer dans la Vilaine. La maléfique créature rampante aurait régné longtemps si un chevalier sans peur n’était passé par là, avant de repartir en taisant son exploit… Persuadés que leur sauveur n’était autre que Saint-Georges, l’ennemi des dragons, les Rennais édifièrent une abbaye à l’endroit où fut terrassé l’hydre monstrueux. Détruit en 1820, le bâtiment a été remplacé par l’actuel palais Saint-Georges.


Gare au loup-garou du Vieux Saint-Etienne !

Image représentant une légende du loup-garou de Rennes, générée par intelligence artificielle.

Nous sommes en 1825 quand retentit pour la première fois un cri d’effroi, à quelques mètres de l’église Saint-Étienne, alors utilisée comme magasin par l’armée. Une jeune sentinelle jure avoir aperçu un loup-garou. La rumeur mord comme le froid de décembre, et les récits à vous glacer le sang courent déjà les rues depuis quelques jours : chaque soir à minuit, la bête se manifesterait pour semer la terreur. Le fait divers n’est d’ailleurs pas si incroyable que cela. Au XIXe siècle, les loups sillonnent encore les campagnes bretonnes, et les affaires de lycanthropie (croyance selon laquelle l’homme pourrait se transformer en loup) sont fréquentes. En 1598, une de ces créatures a même été jugée au Parlement de Rennes…

La nuit de Noël 1825 ne déroge pas à la règle, mais c’est un vieux briscard qui monte cette fois la garde. En ce soir de pleine lune, l’homme ne se démonte pas et charge baïonnette en avant sur le vampire de pacotille, qui a juste le temps de lâcher ces mots : « Arrêtez, ne me frappez pas, je suis un homme comme vous ! » Trop tard !

À défaut de loup-garou, c’est un jeune garçon de bonne famille rennaise, âgé de 16 ans, qui s’amusait chaque nuit à faire peur à ses contemporains. Erreur fatale d’avoir voulu jouer au bugul-noz, la version bretonne du croquemitaine, dont le nom signifie « berger de la nuit » et qui prend la forme d’un loup-garou les soirs de pleine lune.

  • Si le mythe du Loup-garou vous intéresse, partez sur les traces de la légende bretonne du Bugul-Noz le 19 octobre dans le centre de Rennes : un événement gratuit organisé par Netflix à l’occasion de la sortie d’un film inspiré par le célèbre jeu de société “Les Loups-garous de Thiercelieux”.

Méfiez-vous du châtelain fantôme du Bois de Cicé

Légende du Bois de Cicé hanté par François Champion qui se transforme en loup

Encore une histoire de métamorphose ! Cette fois du côté de Bruz, là où la puissante famille Champion de Cicé régnait sur la seigneurerie locale. Une dynastie qui compta dans ses rangs de nombreux évêques, magistrats et officiers de renom. Jusqu’au au XVIIème siècle où son héritier, François Champion, conseiller au Parlement de Rennes, est au bord de la ruine. Contraint de vendre le château et inconsolable, la légende raconte qu’il hante depuis le Bois de Cicé, prenant la forme d’un loup, d’un chien noir ou d’une autre créature fantastique afin d’effrayer les curieux en quête de son trésor, qui serait caché sous les ruines de son château.

Alors avant de vous aventurer du côté des vestiges du château de Cicé, au bord de la Vilaine au niveau de l’écluse du même nom, souvenez-vous que le fantôme du dernier châtelain de Cicé y rôde peut-être encore…


Le lutin des mines de Pont-Péan

Un petit lutin écrit la phrase latine 'nihil occultum quod non revelatur' sur le mur d'un sombre tunnel minier de Pont-Péan, entouré de wagonnets et de rails, dans une ambiance mystérieuse et envoûtante

Pour finir cette étrange série de contes à dormir debout, rien de tel qu’un gentil lutin. Rendons-nous dans les anciennes mines de plomb argentifère de Pont-Péan, à quelques kilomètres de Rennes. Là, dans les entrailles de la terre, un farfadet nommé Petit Mineur veillait sur les forçats des profondeurs, capable de prédire un éboulement, ou de signaler les boisages pourris. Certains mineurs ont juré avoir entendu prononcer leur nom à l’approche de l’accident. Et n’oubliaient pas d’allumer une chandelle le jour de la Sainte-Barbe, pour savoir s’ils mourraient dans l’année.


Ce récit est quant à lui consumé, mais que les amateurs d’histoires à dormir debout se rassurent : ils peuvent prolonger le plaisir en dévorant les Histoires extraordinaires rennaises, suivies des Nouvelles histoires extraordinaires rennaises, du journaliste du Mensuel de Rennes Julien Joly et de sa complice Anna Le Vigouroux. Ou réécouter ces histoires en format podcast sur le site de Rennes Métropole.

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