Publié le 24 juin 2024 par Fabrice Mazoir, mis à jour le 26 juin 2024

Les Jeux Olympiques vus par Raymond Depardon

165 photos exposées au Frac Bretagne

Exposition du photographe au Frac Bretagne
© Rennes Ville et Métropole - Arnaud Loubry

De 1964 à 1980, le photographe Raymond Depardon a couvert six olympiades : Tokyo, Grenoble, Mexico, Munich, Montréal et Moscou. Dans le cadre de l’olympiade culturelle, 165 de ses photos sont exposées au Frac Bretagne jusqu’au 5 janvier 2025. Des photographies qui montrent à la fois les exploits sportifs des athlètes et les soubresauts politique de l’époque. Interview avec un monument de la photographie.

Le photographe Raymond Depardon au Frac Bretagne
© Rennes Ville et Métropole – Arnaud Loubry

Vous avez couvert six olympiades, quel est votre meilleur souvenir ?

Mexico en 1968, à cause de l’ambiance du stade, des records qui tombaient, les performances des sportifs africains, le poing levé des athlètes afro-américains… C’était une autre Amérique. Il s’est passé quelque chose de très émouvant là-bas. Le public soutenait tout le monde, surtout les perdants. Quand des athlètes désespérés rataient le podium, le stade entier se levait, tout le monde balançait son chapeau, ça m’a fait rater beaucoup de photos !

À l’époque, on ne calculait pas tout le temps le nombre de médailles obtenues par chaque pays. On ne se préoccupait pas trop du résultat des Français. On regardait simplement les jeux.

Vous dites souvent qu’il vous a fallu plusieurs olympiades pour réussir à capter le mouvement des athlètes, en quoi la photo de sport est-elle si difficile ?

Tout va très vite. Dans un stade, on est en plongée, c’est bien pour l’athlétisme mais dès qu’il y a du lancer, du saut en hauteur ou de la perche, c’est plus compliqué. Pour une course d’athlétisme tout le monde s’arrête, mais pour les concours comme le saut, ça dure toute la matinée on peut passer à côté du record. D’ailleurs, le saut de Bob Beamon*, presque personne n’a réussi à le photographier, à part un photographe mexicain du pool qui travaillait pour le comité des Jeux olympiques. Moi j’étais dans la tribune de presse en train de discuter, je n’ai pas vu son saut, j’ai juste entendu une clameur. Les conditions n’étaient pourtant pas réunies pour que Bob Beamon réalise cet exploit. Il s’était saoulé la veille à la tequila parce que sa copine l’avait quitté et que son université lui avait supprimé sa bourse…

Vue de l'exposition de Raymond Depardon sur les Jeux Olympiques
© Rennes Ville et Métropole – Arnaud Loubry

Qu’est-ce qui fait que certaines photos de sport marquent autant les esprits…

Parfois c’est un peu un hasard. À Montréal par exemple j’avais eu le bon réflexe de faire des photos couleur de la gymnaste Nadia Comaneci. A cause du décalage horaire, toute la France a découvert cette petite Roumaine en direct le soir à la Télé. Du coup tous les journaux ont voulu avoir des photos d’elle. Elle est devenue célèbre comme ça.

Et certaines disciplines sont plus photogéniques que d’autres, la gymnastique par exemple, en particulier la poutre. Il y a un effet loupe de la photographie sur le corps des athlètes, c’est presque comme faire de la photo de mode…

(*) Aux Jeux de Mexico en 1968, Bob Beamon pulvérise le record du saut en longueur de 55 centimètres avec 8m90. Qualifié de « saut du siècle », ce record olympique n’a toujours pas été battu.

Entrée du Frac Bretagne avec l'exposition Raymond Depardon

Informations pratiques

  • Raymond Depardon, les Jeux Olympiques 1964 – 1980. Au Frac Bretagne jusqu’au 5 janvier 2025. 19 avenue André Mussat 35000 Rennes. www.fracbretagne.fr
  • Exposition labellisée Olympiade Culturelle par Paris 2024. Cette exposition fait partie de la programmation artistique Exporama.
  • Horaires d’ouverture : du mardi au dimanche de 12h à 19h. Fermé le lundi, le 25 décembre et le 1er janvier.
  • Tarifs : 3€ (plein tarif), 2€ (tarif réduit). Billet couplé pour voir les deux autres expositions Raymond Depardon aux Champs Libres : 5€ (plein tarif), 3€ (tarif réduit).
Tourisme éco-responsable