Publié le 17 juin 2024 par Martin Scavinner, mis à jour le 21 juin 2024

Aérosol, une histoire du graffiti

A Rennes, une exposition d’envergure consacrée à l’art urbain

Graffiti de Futura2000 réalisé sur la scène du Bataclan pendant le New York City Rap Tour, 1982, collection particulière ©Adagp, Paris, 202
Graffiti de Futura2000 réalisé sur la scène du Bataclan pendant le New York City Rap Tour, 1982, collection particulière ©Adagp, Paris, 202

Du 15 juin au 22 septembre 2024, la capitale bretonne consacre le street art à l’occasion d’une rétrospective d’envergure au Musée des beaux-arts de Rennes. Présentée dans le cadre d’Exporama – le rendez-vous estival annuel consacré à l’art contemporain à Rennes – cette exposition revient sur un demi-siècle d’histoire du graffiti en France et se prolonge avec un état des lieux de la scène urbaine actuelle.

La naissance du graffiti en France

Graffiti de Bando sur la palissade du chantier de Beaubourg, 1984 © photographie Epsylon Point
Graffiti de Bando sur la palissade du chantier de Beaubourg, 1984 © photographie Epsylon Point

« Comment présenter un art éphémère – parfois illégal – dans l’écrin institutionnel d’un Musée des beaux-arts ? C’est l’une des questions soulevées par cette exposition » explique Claire Lignereux, responsable des collections d’arts moderne et contemporain du Musée.

Réponse y est donnée avec des œuvres exceptionnellement sauvegardées, comme des morceaux de palissades et des capots de voitures mais aussi des pochettes de disque et des toiles. Cette histoire du graffiti est aussi présentée de biais, grâce à de nombreux films, magazines, photographies, matrices de pochoirs et outils donc, comme cet emblématique aérosol qui constitue le fil conducteur de la première partie de cette exposition. Une façon de découvrir des artistes de renom (Ben, Futura2000, Gérard Zlotykamien, etc.), des écoles (bombe libre, pochoir, graffiti-writing) et des lieux emblématiques (métro, palissades, quais de Seine, etc.).

En insert du parcours, une carte blanche a même été donnée à l’artiste Camille Gendron pour explorer et théoriser toutes les possibilités offertes par la bombe aérosol. Les visiteurs auront ainsi une bonne clé de lecture pour apprécier la suite de l’exposition.


Une ethnographie du graffiti

Claude Costa recouvrant les publicités de la station de métro du Temple, Paris, 1984 © photographie 
Rosine Klatzmann
Claude Costa recouvrant les publicités de la station de métro du Temple, Paris, 1984 © photographie Rosine Klatzmann

Changement de paradigme dans le patio du Musée des beaux-arts, où est exposée une partie des collections du Mucem. En effet, le musée marseillais consacré aux civilisations de l’Europe et de la Méditerranée a été l’un des premiers à s’intéresser à l’art urbain, avec une étude confiée à l’ethnologue Claire Calogerou, qui précise que « ce travail de collecte est réalisé en concertation avec les artistes eux-mêmes ».

Pour montrer la vitalité et la richesse de la scène urbaine actuelle, cette deuxième partie de l’exposition identifie plusieurs grands thèmes. Citons par exemple l’influence de la scène new-yorkaise, illustrée par les photos de Martha Cooper, devenue la papesse du street art. Ou encore la passion du train, support pour lequel les graffeurs prennent tous les risques dans le but de voir leurs œuvres circuler sur les rames.

L’œuvre qui résume le mieux cette deuxième partie de l’exposition est sans doute « Le Métro rêvé », une toile exceptionnelle réalisée par Mode2 en hommage à ces « trainistes ».


Une place de choix réservée à la Bretagne… et à Rennes

Arnaud-Loubry © Rennes Ville et Metropole
Arnaud-Loubry © Rennes Ville et Metropole

S’il est généralement associé à la musique rap, le graffiti a aussi été l’un des moyens d’expression privilégié de la scène rock à la fin des années 70 : « Le street art servait bien la culture du Do It Yourself, pour la promotion sauvage des disques et des concerts par exemple » note Nicolas Gzeley, artiste et archiviste du graffiti.

Quand on connaît l’importance de la scène bretonne dans l’histoire du punk, il n’est donc pas étonnant que l’exposition mettent en valeur quelques places fortes de la péninsule : Brest, Quimper, Nantes… et Rennes bien sûr.

Dès le milieu des années 80, les rues de la capitale bretonne se parent des œuvres de Spider G, Loly Pop ou du Moustache Club. En 1986, les Transmusicales invitent les graffeurs parisiens Miss.Tic, Blek le Rat et Marie Rouffet. L’année suivante, la boîte de nuit L’Espace organise un concours de pochoirs : le Rennais Yeman gagne un voyage à New York, pour y découvrir le graffiti-writing. La boucle est bouclée !


Informations pratiques :

  • Aérosol, une histoire du graffiti, au Musée des Beaux-Arts, 20 quai Emile Zola, 35000 Rennes. Exposition accessible du samedi 15 juin au dimanche 22 septembre, du mardi au dimanche, de 10h à 18h | Fermé le lundi et les 14 juillet et 15 août | Nocturnes le 3 juillet, 7 août et 4 septembre : ouverture jusqu’à 22h.
  • Tarifs : Plein : 4€ (Le billet de l’exposition Aérosol donne un tarif réduit à l’exposition Depardon des Champs Libres et du Frac Bretagne) | Réduit : 2€ | Gratuit : voir conditions sur le site du MBA.
  • Médiation : Visites flash (Pendant les vacances scolaires, du mardi au dimanche à 15h ; hors vacances, samedi et dimanche à la même heure) | Visites descriptives et tactiles (samedi 6 juillet à 11h et mercredi 4 septembre à 16h) | Visites interprétées en LSF (samedi 13 juillet à 14h et vendredi 20 septembre à 16h30) | Visites ludique. Visites gratuites, dans la limite des places disponibles.
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