Publié le 24 février 2016, mis à jour le 18 décembre 2023
Christopher Couzelin
À Rennes, entre LabFab, planétarium et enchères
L’Espace des sciences est le centre de culture scientifique le plus fréquenté de France en région. Son succès doit beaucoup à Christopher Couzelin qui met en scène ses expositions. Pour parler biodiversité, numérique ou préhistoire. Les Rennais adorent.
Rennes, ville de sciences
Vivre en intelligence. C’est le slogan de Rennes depuis vingt ans. Christopher Couzelin y contribue à sa manière. C’est le propre d’un centre de culture scientifique.
« On explique, on décrypte, on vulgarise… On montre comment marche le monde. On donne le goût de la connaissance et de la curiosité ».
Hébergé par les Champs Libres, l’Espace des sciences accueille plus de 200 000 visiteurs par an. Les écoles et les familles sont au rendez-vous. Les chercheurs aussi pour partager leur savoir. « Rennes est une ville scientifique qui compte trois campus, un écosystème numérique dynamique, des conférences très suivies… Vous connaissez d’autres villes où le Festival des sciences dure quinze jours ? ».
Le festival des sciences
Chaque automne, l’Espace des sciences organise pendant deux semaines une manifestation grand public pour faire connaître les avancées de la science et le travail des chercheurs. C’est le Festival des sciences. L’événement se tient à Rennes et dans plusieurs communes de l’agglomération. Il propose des animations, des conférences, des visites de laboratoire, des spectacles, des projections… L’entrée est libre et gratuite.
Brocéliande, métro et mixité
Natif de Saint-Malo, Christopher Couzelin a suivi des études de médecine puis de biologie cellulaire à Rennes. Mais il n’y vit pas. « J’habite un petit village aux portes de la forêt de Brocéliande. Je prends le TER matin et soir. C’est rapide. Dans ma campagne, je me sens ailleurs. On dirait l’Écosse… La forêt de Brocéliande n’est pas spectaculaire mais l’imaginaire fantastique donne du relief aux paysages ».
Christopher est cependant toujours heureux de retrouver sa ville. « Rennes a tous les avantages d’une grande ville sans ses inconvénients ». Concrètement ? « Il y a un métro, plusieurs universités, une grande bibliothèque… Mais c’est aussi une ville propre et sûre où se mélangent bien les styles, les âges et les populations. Cette mixité me plaît ». Mais encore ?
« On a fait attention à ne pas créer de ghettos de riches, de pauvres, de jeunes, d’immigrés, d’artistes… La convivialité et l’ouverture résument bien l’esprit. Il y a de la place pour s’exprimer. Mais on n’est pas grande gueule. On reste simple. Et on travaille ».
Sous le ciel du Planétarium
Pilier de l’Espace des sciences, Christopher Couzelin y est responsable des expositions et des innovations numériques. Tous les jours, il côtoie ses collègues du Planétarium, abrité sous un drôle de cornichon noir qui transperce le toit des Champs Libres.
Christopher fréquente évidemment le lieu pour son travail. Mais la magie opère toujours. « Tu es assis dans le noir. Un guide te fait voyager pendant cinquante minutes aux confins de l’univers. C’est le vertige absolu ! On se sent si petit dans l’infini. On a vraiment une chance incroyable d’habiter sur Terre ! ».
Au Planétarium, hors de question de s’assoupir devant un film. L’animation se fait en direct par le jeu des questions-réponses avec la salle. Le discours évolue au gré des missions spatiales. Pendant les vacances sont proposées des séances en 3D. « La qualité des images est bluffante. Mais la technologie ne sert pas à frimer. Elle sert la poésie et l’émotion ».
Au LabFab, le do it yourself de la technologie
Ce goût de la connaissance et de l’aventure collective, Christopher Couzelin le cultive au LabFab.. Le laboratoire de fabrication numérique, installé dans les murs de l’école des Beaux-arts de la rue Hoche, propose désormais un nouvel atelier lui aussi ouvert au public, dans la Maison des associations. Le lieu met à sa disposition des ordinateurs, des imprimantes 3D et des outils de découpe laser pour concevoir et réaliser des objets à partir de plans open source. Une communauté active de bidouilleurs, de programmeurs et d’artistes font vivre l’atelier.
Christopher y a vécu la naissance d’un robot humanoïde, Poppy. « Le LabFab épouse la mission de la science : partager la connaissance. Il apprend à faire ensemble. Il démystifie la technologie numérique ». Et puis il y a l’enthousiasme du “do it yourself” au service de la création. « C’est dans ce genre de lieux que se joue l’avenir de nos sociétés ».
Chères enchères
Mac Gyver est aussi un peu Jules Verne. L’histoire, les voyages et les beaux objets sont une autre passion de Christopher Couzelin. L’hôtel des ventes est naturellement une de ses adresses fétiches. Toutes les semaines, des commissaires-priseurs y tiennent le marteau pour céder au plus offrant du mobilier d’exception, des bijoux, des œuvres d’art, des jouets anciens… Les enchères animent la place des Lices le lundi, parfois le dimanche. Jeter un coup d’œil ne coûte rien.
Christopher fait partie des habitués. « Je me retrouve dans un cabinet de curiosités avec l’âme d’un chasseur de trésor. Les enchères sont un spectacle. C’est une pièce de théâtre où je peux jouer un petit rôle ! ». Et parfois, il achète. De préférence des instruments scientifiques, des pièces art déco et des objets d’art africain ou océanien. « Ces objets façonnés par l’homme représentent un condensé de qualité et de savoir-faire. Je suis fasciné par ces artisans qui mettaient leur énergie à faire le mieux possible ».
Le Palissandre, un parfum d’exotisme
Artisanat ? Exotisme ? Les pas de Christopher Couzelin ne pouvaient pas ignorer le chemin du Palissandre. Cachée derrière la place Sainte-Anne, cette minuscule boutique hors du temps est tenue depuis trente ans par Jean-Marie. Toujours souriant. Toujours l’accent chantant de Madagascar.
Étudiant, Christopher fréquentait déjà l’échoppe, spécialisée dans les bijoux et l’artisanat de l’Océan indien. Il y revient aujourd’hui avec ses enfants. D’autres clients poussent la porte comme en pèlerinage. « C’est une caverne d’Ali Baba. On y ressent une énergie quasi mystique. C’est presque un lieu de spiritualité. Tous les objets racontent de belles d’histoires. J’aime l’humanité qu’ils expriment ». Comme ces poupées péruviennes qui chassent le chagrin. Mais qu’en dit au juste la science, Christopher ?