Publié le 05 janvier 2016, mis à jour le 10 juin 2024
Bikini Machine
Bars, musique et fête, l'énergie rennaise
Au pays rêvé des cirés, Bikini Machine mouille le maillot pour défendre l’âme d’une ville rock. Définitivement rock. Où l’on aime les bars, la fête et l’énergie d’une scène musicale toujours créative.
Révélés aux Trans Musicales
Copains de longue date, les quadras de Bikini Machine ont vu grandir le son rennais. Ils le font désormais. Façon rock 60’s et soul garage. Suivez les guides pour découvrir une ville qui se vit comme elle se visite.
Quand France Inter délocalise son antenne à Rennes, à qui la radio publique pense-t-elle pour parler musique au coin de la rue ? À Bikini Machine. Des guitares saturées et une grosse batterie sous la sarabande champêtre du plafond peint de l’Opéra ? Ne cherchez pas. C’est Rennes. Même Fred s’y est trompé. « Je pensais que c’était la seule salle de concert où je ne jouerais jamais. Raté ! ». Le chanteur des Bikini Machine – « Rennais depuis cinq générations » – devrait pourtant le savoir. Dans la capitale bretonne, on ne regarde pas au pedigree ni au CV. Les Bikini Machine en sont la preuve.
Place à l’audace
Le groupe s’est formé 2001, lancé par les Transmusicales sans un album vaillant en poche. « On n’était que des laborantins de studio. On n’avait jamais bossé de live ». Le programmateur du festival, Jean-Louis Brossard, leur a demandé s’ils étaient prêts. Ils ont menti. « On a bien fait. Cette audace, cette prise de risque… C’est tout Rennes. On donne sa chance aux groupes émergents ». Question de feeling.
La culture au comptoir
Huit albums, un tribute à Jacques Dutronc, une longue tournée avec Didier Wampas et un ciné-concert Desperado plus tard… les Bikini Machine sont toujours là. Et bien souvent au bistrot de la Cité. À deux pas de la place Sainte-Anne, le troquet coincé dans un angle borgne fait face à la salle de concert de la Cité. « C’est le bar le plus rock’n roll de la ville, le lieu de retrouvaille des expatriés bretons et des soirées qui n’en finissent pas ». Vinyles, stickers, affiches, carrelage… L’endroit est une mosaïque de motifs, de couleurs et de belles rencontres. Une estrade miniature de 8 m² fait office de scène dantesque. Le petit rhum arrangé est réputé « dangereux ».
Franck le guitariste rigole : « C’est l’esprit pub. Les jeunes parlent aux vieux. Les filles se mettent au comptoir sans se faire emmerder. On chante, on joue… Mes potes sudistes hallucinent ». Au bistrot de la Cité, la convivialité se passe de limonadier.
Un café, un concert et l’addition
Derrière le bar, Philippe Tournedouët. Le patron du lieu est à l’origine du festival « off » des Transmusicales, les Bars en Trans. « Ne pas casser les couilles au patron. Même un peu », prévient un écriteau. « Je suis un Charlot », rappelle un autre. Comme un résumé sous forme de clin d’œil d’un bonhomme qui organise une trentaine d’événements musicaux par an, en faisant la part belle aux petites assos. Voilà aussi pourquoi l’agglomération rennaise, fière d’un réseau ancien de cafés-concerts, affiche encore 400 groupes de musique au compteur.
Sous influence étudiante
D’autres lieux alternatifs comme les Ateliers du Vent et le Jardin Moderne comptent comme des lieux ressources pour les musiciens rennais. « Il y a un vrai vivier culturel, sans personnalité écrasante. Tout le monde a sa chance, assure Fred. Grâce aux étudiants, on a aussi un public qui bouge. Rennes est une ville d’accueil, ouverte et cosmopolite ». Pas étonnant que l’on y fasse « du vieux avec du neuf » aux accents de Gainsbourg, Jon Spencer ou the Black Keys.
De Daft Punk à Beth Gibbons
D’une salle de concert à l’autre, une virée avec Bikini Machine fait toujours halte à l’Ubu. Ainsi baptisé en référence à Alfred Jarry, jadis élève du lycée voisin, le club mythique de la rue Saint-Hélier est connu – un peu – pour son pilier qui bouche la vue. Il est fameux – beaucoup – pour avoir vu défiler des têtes d’affiche qui ne l’étaient pas encore. « On y a croisé les Daft Punk sans les masques et la chanteuse de Portishead, Beth Gibbons, complètement flippée ».
C’est toujours à l’Ubu que Bikini Machine présente son dernier album en avant-première. C’est encore à l’Ubu que plusieurs membres du groupe bossent en régie son et lumière. « L’Ubu est notre lieu de formation musicale, commente Pat le bassiste. On y voit des groupes en petit comité. Les artistes se mêlent au public, sans frontières ni barrières ». Et qui supervise la programmation avant-gardiste du lieu ? Jean-Louis Brossard, tiens donc…
Un magasin comme studio de répétition
Sur les pavés du centre-ville à pans de bois, la balade musicale de Bikini Machine se poursuit forcément chez les disquaires et les commerçants affranchis. Quitte à prendre le magasin Guitare’n Ko, situé rue d’Antrain, pour une annexe de leur studio de répétition. « On peut y rester la journée à essayer des guitares, personne ne nous vire ! ».
La faute à Fabrice Charon, luthier de formation et vendeur atypique. Qui n’expose pas les grandes marques, prête des pédales et ne pousse pas à la dépense. Comme si la musique était d’abord un art de vivre. « C’est vrai. Vous connaissez beaucoup de grandes villes en France dont l’élu à la culture était musicien, au sein d’un groupe un brin déjanté comme Billy Ze Kick ? »
Marché des Lices, Stade rennais et galette-saucisse
Urbains mais tranquilles, les musiciens de Bikini Machine sont à l’image de Rennes. Ils aiment les symboles festifs que sont le marché des Lices, le Stade rennais, le palet et la galette-saucisse. « Cette image d’Epinal avec un vrai goût de vérité », reconnaît Fred, le chanteur.
Mais ils ont aussi leurs habitudes dans des petits coins moins folkloriques « J’aime bien le canal Saint-Martin avec ses péniches et ses prairies. On se croirait à la campagne en pleine ville », vante Franck, le guitariste. « Jouer à la pétanque sur la place du Vieux Saint-Etienne, ce n’est pas mal non plus, complète Pat, le bassiste. Il y a cet esprit village qui me plaît ». La pierre et l’histoire ? « Rennes est une ville à vivre autant qu’à visiter ».