Publié le 26 février 2019 par Fabrice Mazoir, mis à jour le 18 décembre 2023
La nouvelle gare de Rennes, porte d’entrée de la Bretagne
Plus grande, plus belle, plus accessible… la gare TGV de Rennes s’est métamorphosée en pôle d’échange multimodal
Dans la foulée de l’arrivée de la Ligne à Grande Vitesse en 2017 qui a mis Rennes à seulement 1h25 de Paris en TGV, la gare de la capitale bretonne a été entièrement transformée. Un chantier colossal et un projet architectural audacieux intégré dans un quartier en plein renouveau, EuroRennes. Découverte de la nouvelle gare de Rennes, porte d’entrée de la Bretagne.
Une nouvelle gare pour accueillir 20 millions de voyageurs par an en 2030
Bienvenue à Rennes dans « la plus belle gare de France »… Habituellement à Rennes on la joue modeste, mais le projet de la gare a de quoi rendre fier. Le chantier d’abord, par ses dimensions et ses contraintes : transformer un bâtiment en activité qui accueille plus de 65.000 voyageurs par jour, passer d’une gare-pont à une gare-paysage avec comme objectif de doubler le trafic passager d’ici 2030 tout en créant un pôle d’échange multimodal (PEM)… Il s’agit tout simplement du plus gros investissement de la SNCF en France sur une gare hors de Paris.
Un écho architectural aux paysages bretons et à la forêt de Brocéliande
Pour accueillir 20 millions de voyageurs par an, la gare s’est donc métamorphosée autour d’une idée architecturale originale : glisser la gare sous un paysage, l’ouvrir sur la ville et tisser un lien urbain entre le Sud et le Nord de la ville grâce à des cheminements doux. Cela se traduit en particulier par la passerelle Anita Conti, qui longe la nouvelle gare, et surtout, le « paysage construit », une colline symbolisant un paysage de lande bretonne qui conduit à l’étage voyageurs. Surmonté d’une « brume » en ETFE, un matériau innovant et léger qui diffuse la lumière naturelle dans la gare, cette colline compose un origami de 320 facettes, avec des pentes enherbées et des terrasses en bois qui offrent un point de vue inédit sur la ville.
A l’intérieur, on retrouve d’autres références aux paysages bretons avec notamment 18 arbres dont les 80 branches soutiennent des passerelles aériennes, subtil rappel symbolique de la forêt de Brocéliande, toute proche de Rennes. Au total, le chantier colossal représente un gigantesque puzzle assemblé en conservant des éléments architecturaux, comme l’ancien mur de la gare de 1855, qui s’articule avec une structure nouvelle de 650 tonnes d’acier où aucune pièce n’est identique et où chaque élément a dû être conçu sur-mesure pour s’insérer dans une gare en fonctionnement permanent. A cela s’ajoutent 9000 mètres cubes de béton blanc, une forme nouvelle dans la ville qui s’éclaire de leds à la nuit tombée.
Un espace « simple, clair et lumineux » organisé en 3 niveaux
Au-delà du clin d’œil aux paysages bretons, la gare a surtout été pensée comme un lieu où on circule facilement, tout en se sentant bien. « C’est le bâtiment qui voit passer le plus de visiteurs à Rennes » rappelle Etienne Tricaud, l’un des architectes qui a œuvré au projet. « Un passage obligé où chacun doit être bien avec les autres, pendant un moment qui ensoleille la journée ». Pour parvenir à faire vivre une expérience agréable aux voyageurs, le credo architectural a consisté à créer un grand espace « simple, clair et lumineux », grâce à la présence rassurante de la lumière naturelle qui irrigue les différents niveaux et à l’utilisation de matériaux chauds comme le bois. Pour faciliter l’orientation et la circulation des visiteurs, la gare est désormais organisée en 3 niveaux principaux : avec tout en bas, le niveau du pôle intermodal qui permet de rejoindre le métro, les bus, les taxis, la sortie vers le centre-ville ou la gare routière ; le niveau des quais ; et au-dessus, le niveau voyageurs avec un espace d’arrivées et de départs.
Des commerces et services au cœur d’un nouveau quartier : EuroRennes
Des services et des commerces de destination sont répartis sur ces 3 niveaux : boutiques bretonnes (Stade Rennais, Yves Rocher, Hénaff & Co), cafés (Cafés Richard), enseignes de restauration rapide (Ty Vorn, Prêt à Manger, Mc Donald’s, Bagel Corner) en attendant d’autres l’arrivée d’autres enseignes et l’ouverture du restaurant le Paris-Brest au printemps, dont la carte sera signée du chef breton Christian Le Squer, triplement étoilé.
La gare, dont le chantier intérieur s’est achevé en février 2019, sera officiellement inaugurée le 3 juillet 2019. Mais le quartier n’a pas pour autant fini sa mue. La gare SNCF s’intègre en effet à un projet plus global à l’échelle du quartier EuroRennes qui couvre 58 hectares et qui proposera à terme 130.000 mètres carrés de bureaux pour accueillir entre 120 et 170 entreprises (l’équivalent de 7000 emplois), c’est là que le groupe breton Samsic a choisi d’implanter son siège social pour profiter de l’accessibilité du TGV. Un investissement de 120 millions d’euros pour le groupe, présent à l’international avec près de 90.000 employés, un projet architectural très audacieux lui aussi qui sera achevé en 2023 et qui comptera au total 5 bâtiments dont une tour signal de 26 étages.
40.000 mètres carrés de commerces et 1500 logements sont aussi programmés autour de la gare. Car EuroRennes n’est pas qu’un quartier d’affaires, c’est une extension du centre-ville vers le Sud, où 3000 nouveaux habitants devraient s’installer. Ils pourront profiter de nouvelles promenades autour de la gare ainsi que d’un cinéma d’art et d’essai, l’Arvor qui y installera 5 salles fin 2019. A côté, les voyageurs et touristes pourront aussi séjourner dans un nouvel hôtel haut de gamme avec un rooftop et une vue exceptionnelle sur la ville.
En attendant, les avenues Janvier et le Boulevard de Beaumont feront aussi leur métamorphose pour laisser plus de place aux piétons et aux terrasses arborées. Un tournant de plus dans l’histoire de la gare et de son quartier, une étape supplémentaire dans le développement et l’attractivité de Rennes et de la Bretagne.