Publié le 25 mars 2022 par Fabrice Mazoir, mis à jour le 27 novembre 2023
Exposition Celtique ? au Musée de Bretagne
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la "celtitude"
Quel sont les liens de la Bretagne avec les Celtes ?
Pour comprendre ce qui est celte et ce qui ne l’est pas et surtout pourquoi la Bretagne est plus connectée à cet héritage que d’autres régions, direction le Musée de Bretagne dans les Champs Libres. Le lieu idéal à Rennes pour épancher votre soif de culture et de savoirs. Avec du 18 mars au 4 décembre 2022 une nouvelle exposition temporaire en forme d’interrogation : Celtique ? Un sujet au croisement de l’histoire et de l’imaginaire, là où s’est construite l’identité bretonne. Pour Céline Chanas, directrice du Musée de Bretagne « le sujet est attractif, à la fois pour les habitants et les touristes en quête de premiers repères sur l’histoire de la Bretagne ».
L’exposition est l’occasion de croiser les points de vue sur les origines celtes de la Bretagne, grâce au travail des archéologues, historiens, spécialiste des langues et de la littérature. Celtique ? présente aussi des trésors archéologiques exceptionnels, comme les bustes sculptés mis au jour à Trémuson (Côtes-d’Armor) par l’Inrap en 2019. Datées du IIème siècle avant notre ère, ces pièces sont de rares exemples d’art figuratif de l’époque de la Gaule celtique. Un seau datant de plus de 2000 ans, retrouvé lui au fond d’un puit à Trémuson, est aussi montré pour la première fois dans le cadre de Celtique ? et des 20 ans de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives
Une déferlante de vagues celtes depuis l’âge du Fer
Pour bien comprendre comment l’héritage celte s’est transmis au fil des siècles, il faut imaginer différentes vagues. Avec comme point de départ l’âge du Fer. A cette époque et même depuis le Vème siècle avant JC, la péninsule armoricaine fait partie de la Gaule Celtique. « L’aire culturelle celtique comptait de nombreux foyer de développement qui ont des points communs. Les objets en métal (armes, fibules, parures) et les céramiques témoignent d’une homogénéité culturelle sur des sites parfois très éloignés les uns des autres » explique Manon Six, commissaire de l’exposition.
Un autre point commun entre les peuples celtes résonne aussi dans les légendes qui ont été transmises bien plus tard : l’importance symbolique de la forêt.
La « receltisation » de la Bretagne au Moyen Âge
L’autre vague culturelle celte a lieu quelques siècles plus tard, au Moyen Âge, suite aux migrations bretonnes depuis l’actuelle Grande-Bretagne vers la péninsule bretonne. C’est à partir de ce moment, vers l’an 550, que le terme Britannia désigne la « Petite Bretagne ». Ces migrations, illustrées dans les sources religieuses avec le voyage des Saints à travers la Manche, s’accompagnent donc d’une receltisation de la Bretagne du IIème au Vème siècle de notre ère. Pour les historiens c’est en partie pourquoi la Bretagne a gardé plus de liens que d’autres régions avec ses racines celtes.
Le milieu du Moyen Âge est aussi marqué par l’apparition de récits légendaires, comme le cycle du roi Arthur. Ces récits venus de Grande-Bretagne s’intègrent alors à la « matière de Bretagne », les légendes transmises de manière orale. La fusion est telle, que la forêt de Paimpont, près de Rennes, finit par être désignée comme étant la forêt mythique de Brocéliande des récits arthuriens. Quand les légendes prennent vie, c’est sans doute ce qui rend la Bretagne aussi magique…
De la « Celtomanie » au renouveau celtique…
Plusieurs mouvements celtiques sont racontés par l’exposition au gré d’un voyage passionnant à travers les histoires et les objets. A partir d’un XVIIIème siècle une véritable « Celtomanie » se répand ainsi en Europe. Sous l’impulsion de James Mac Pherson, en 1760, qui invente avec les poèmes d’Ossian, un barde censé avoir vécu au IIIème siècle. Là encore, tout part du mythe et de la culture. « Le mythe d’Ossian a littéralement lancé la Celtomanie » confirme Manon Six.
Et encore plus récemment, d’autres vagues culturelles, d’inspiration plus moins celtes, ont déferlé sur la Bretagne à travers la littérature (Barzaz Breizh de Th. de La Villemarqué au milieu du XIXème siècle), les rituels (avec le mouvement néo-druidique), l’art graphique (le Seiz Breur au XXème siècle), la musique (avec notamment le renouveau celtique incarné par Alan Stivell). L’artiste a d’ailleurs prêté l’une de ses magnifiques harpes sculptées qui est présentée dans le parcours de Celtique ? Pour l’auteur-compositeur-interprète et musicien, cet instrument symbolise le revival musical en Bretagne et son idée « de fusionner le rock et la musique celtique ».
La fusion c’est finalement ce qui résume le mieux l’héritage celte en Bretagne et ce que raconte l’exposition du Musée de Bretagne. Peu importe que les filiations culturelles soient réelles ou fantasmées : on a besoin de ces constructions imaginaires et des mythes pour se forger une identité…
Programmation culturelle et infos pratiques
- Exposition temporaire Celtique ? au Musée de Bretagne dans les Champs Libres du 18 mars au 4 décembre 2022, 10 cours des Alliés, 35000 Rennes. www.leschampslibres.fr
- Tarif entrée : 4€.
- Horaires : du mardi au vendredi en période scolaire de 12h à 19h, pendant les petites vacances scolaires de 10h à 19h, pendant les Vacances d’été de 13h à 19h. Et le samedi et le dimanche de 14h à 19h.
- Accès : métro : station Charles de Gaulle ; bus : C2, 11, C1 arrêts Champs Libres / Magenta ; Parking sous l’Esplanade Charles de Gaulle ; vélo : stations libre-service Champs Libres ou Charles de Gaulle. Accès PMR.
- Pour prolonger l’exposition un programme d’animations culturelles est proposé de mars à mai avec des conférences, projections, rencontres et un point d’orgue du 11 au 13 mai avec le Festival Interceltique de Lorient qui s’invite à Rennes pour une série de concerts. Le programme en détail