Publié le 26 novembre 2016 par Fabrice Mazoir, mis à jour le 11 octobre 2023
Exposition Tous de sortie(s)
Les loisirs et la fête, une tradition rennaise
Rennes, une ville à la réputation festive
Flâner, se distraire, se cultiver, faire du sport, jouer au palet ou profiter de la nature… Rennes a toujours été réputée pour ses sorties. Aujourd’hui, la capitale bretonne est encore connue pour ses soirées animées. Une tradition qui ne date pas d’hier, comme le raconte l’exposition Tous de sortie(s) de l’Ecomusée du pays de Rennes. Une immersion dans l’ambiance des guinguettes, des parcs et des quartiers de Rennes, à vivre à travers des objets variés : costumes, affiches touristiques, instruments de musiques, manèges, vélos d’époque…
L’exposition, conçue comme une flânerie, retrace l’âge d’or des loisirs pendant les 70 premières années du XXème siècle. Elle est organisée en quatre parties : les fêtes dans l’espace public, les lieux de sociabilité, les pratiques récratives et le plein air.
Pour prolonger l’exposition, un ouvrage de référence est proposé aux visiteurs à la boutique de l’Ecomusée et des visites guidées sont programmées les dimanches 18 décembre, 22 janvier, 19 février, 19 mars, 16 avril, 21 mai et 18 juin de 17h à 18h. Des événements sont aussi prévus autour de l’exposition : une conférence sur les bals clandestins pendant la Seconde Guerre Mondiale, à suivre aux Champs Libres le dimanche 22 janvier 2017, un bal musette le dimanche 22 janvier 2017 et une après-midi musique(s) pour tous le dimanche 19 mars 2017.
- L’exposition Tous de sortie(s) est à voir jusqu’au 27 août 2017 à l’Ecomusée du Pays de Rennes, la Bintinais, Route de Châtillon-sur-Seiche.
Quand la fête s’empare de l’espace public
L’espace public rennais sert encore aujourd’hui de scène à de nombreuses manifestations et festivals. Au cours du siècle dernier, la vie de la cité était rythmée par de nombreuses fêtes religieuses ou populaires. La Fête-Dieu, la fête des fleurs, la fête de la mi-carême, ou encore les fêtes de la jeunesse voyaient la ville se transformer et s’animer à la suite de longs préparatifs. Les fêtes d’adhésion ou liées à des événements historiques (Armistice, Libération) occupaient régulièrement l’espace public.
A Rennes, de nombreuses fêtes foraines s’installaient sur le Mail, la Place de la Gare, le Champs de Mars, où animaux de cirques et autres étrangetés éveillaient la curiosité des habitants. Une tradition qui se perpétue encore aujourd’hui avec la fête foraine de l’Esplanade Charles de Gaulle et les différents manèges des grandes Places de Rennes.
Théâtres, cinémas, cafés… des lieux de rencontres
La deuxième partie de l’exposition, présente les lieux de sociabilité où les habitants se retrouvaient pour des moments conviviaux et parfois, libertins. Rennes, ville de garnison, comptait ainsi trois maisons closes dont une, La Féria, était décorée de mosaïques Odorico. De nombreux cinémas, opéras et théâtres permettaient aussi aux Rennais d’aller au spectacle.
De leur côté, les nombreux bals se déclinaient pour tous les publics : bal-chic, bal-populaire, bal-concert, etc. Un temps interdits par le régime de Vichy, ils perdureront de manière clandestine pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Le bar, un lieu de sociabilité qui réunit les Bretons
Autre lieu important de sociabilité en Bretagne, le bar, dont la version plus vraie que nature d’un café des sports est reconstituée à l’Ecomusée. Un « pôle d’adhésion » autour du football et du cyclisme qui a construit une manière de « vivre ensemble », typiquement rennaise. Les cafés, très nombreux à Rennes sont le reflet de la société où on se réunit selon ses affinités : cafés-concerts, café dansants, café des sports… La tradition du troquet est intimement liée à l’image de Rennes, connue encore actuellement pour sa célèbre “Rue de la Soif”, la rue Saint-Michel, où de nombreux étudiants se retrouvent chaque jeudi soir.
Sports et loisirs : la conquête du temps libre
L’histoire des loisirs de 1900 à 1970, est aussi celle de la conquête du temps libre et la démocratisation des pratiques récréatives. Au début du XXème siècle, seules les classes les plus aisées avaient accès à la culture ou aux sorties. Mais peu-à-peu, les classes populaires s’en emparent à partir des années 30 et surtout, à l’après-guerre.
Dès le XIXème siècle, les patronages religieux et laïcs permettent aux jeunes de pratiquer des activités récréatives. Le football en tête. Le sport-roi en Bretagne est introduit vers 1885-1890. A Rennes, on pratique également l’aviron, grâce à la Sociétés des Régates rennaises (SRR), la gymnastique, le tir et, bien sûr, le traditionnel jeu de palets qui se répand dans les cours des cafés au XXème siècle.
Autre sport emblématique, le cyclisme se développe et un vélodrome ouvre ses portes à Rennes en 1924. L’histoire d’amour de la petite reine avec Rennes ne fait que commencer…
Les pratiques récréatives sont aussi culturelles et musicales. Les patronages participent à l’enseignement de la musique avec de nombreuses fanfares. Dès le début du XXème siècle, la musique est très présente à Rennes, au parc du Thabor dans le kiosque à musique, dans les bars et les cafés et sur la Place de l’Hôtel de Ville. Une tradition qui perdure de nos jours à travers d’innombrables festivals et rendez-vous musicaux.
Plein air et mise au vert : tout le monde dehors !
La dernière partie de l’exposition est consacrée aux loisirs de plein air. Une dimension importante des sorties des habitants. En ville d’abord, avec différents espaces verts. Dès la fin du XIXème siècle, les Rennais apprécient les balades au Parc du Thabor. Le jardin des religieux est ainsi ouvert au public en 1880. Sur les mails, les terrains ombragés favoris des promeneurs bourgeois, on joue aux boules, au croquet, on arpente les quais pour suivre les régates… Il en subsite un, le mail François Mitterrand (autrefois mail des Champs Elysées, créé en 1663), qui renoue avec sa fonction d’antan. D’autres ont disparu au fil des aménagements urbains : le mail Donges (sur l’emplacement actuel du Quai Aristide Briand), était situé près du Port de Viarmes, quant au mail Coquelin il faisait le lien entre l’actuelle Place de Bretagne et les Portes Mordelaises.
Le pique-nique, “un rite qui réunit toutes les classes sociales”
Le plein air est aussi un lieu de pratique sportive, le Parc des Sports, route de Lorient, est érigé en 1912, sa capacité sera augmentée au fil des années pour devenir le célèbre Roazhon Park. En 1939, s’ouvre le « Paradis des enfants », le Parc de Maurepas dont le règlement est plus permissif que celui du Thabor.
Progressivement, avec le développement du temps libre, les loisirs de plein air se démocratisent. En plus des pratiques héritées de la tradition anglaise, comme la chasse et le tir, les habitants s’adonnent aux parties de pêche. La mode du pique-nique, « un repas de plaisir où chacun paye son écot » selon la définition du Littré, séduit largement. « Le pique-nique est un héritage des travaux des champs, c’est un rite qui unit toutes les classes sociales » explique Georgia Santangelo, commissaire de l’exposition.
Autre pratique d’origine anglaise, le camping, fait également de plus en plus d’adeptes et se prolonge dans les années 50 avec la tendance du caravaning, sur un mode plus confortable.
“La côte d’Emeraude, destination privilégiée des Rennais”
La conquête du plein air amène les Bretons de plus en plus loin de la ville grâce au développement des moyens de transport. On file au bord du canal à vélo en habit du dimanche, on explore de plus en plus le patrimoine régional jusqu’à aller prendre l’air sur la Côte d’Emeraude, toute proche.
Si Saint-Malo était une destination réputée dès le XVIIIème siècle pour les bains de mer, Dinard fait figure de laboratoire pour attirer les touristes anglais. Les souvenirs et les affiches de la Côte d’Emeraude contribuent à « construire une mythologie bretonne ». Une invitation à voyager et profiter des nombreux attraits de la côte, d’Erquy au Mont-Saint-Michel.
Des rues pavées à la plage, il n’y a qu’un pas… C’est pourquoi la côte malouine est encore aujourd’hui, une « destination simple et proche, privilégiée des Rennais ». Autrefois, on prenait les tramways, les autocars, ou les vedettes à vapeur sur le canal d’Ille-et-Rance, maintenant, l’automobile et le train relient encore plus rapidement la ville de Rennes à la côte.